De Admirandis Coeli Characteribus

Publié le 19 août 2020 par Pierre Paquette

Contexte

En 1654, Giovanni Battista Hodierna (Ioane Baptista Hodierna en latin) publie De systemate orbis cometici, deque admirandis coeli characteribus, opuscula duo (« Du système du monde des comètes, et des objets admirables du ciel, deux opuscules »), dont la deuxième partie traite de ce que l’on appelle aujourd’hui les objets de ciel profond. Hodierna y présente non seulement les résultats de ses observations — la première liste du genre jamais publiée —, mais amorce même un début de classification desdits objets, en trois groupes :

Je présente ici une traduction française (à l’exception des illustrations) de certaines sections de cet ouvrage. À ma connaissance, c’est la première et la seule traduction jamais faite en français. Les portions [en bleu gris] sont des notes que j’ai ajoutées.

PREMIÈRE SECTION

[Je n’ai pas traduit cette section, car elle n’est pas pertinente.]

DEUXIÈME SECTION

Dans laquelle, les étoiles Nebulæ, les Occultæ, et les Luminosæ sont indiquées, de même que dans quelles régions du ciel elles sont vues et examinées par les astronomes.

Ptolémée depuis l’Antiquité, ainsi que ses disciples jusqu’à Tycho Brahe, ont évoqué pas plus de cinq étoiles nébuleuses contemporaines dans le monde céleste, à savoir :

  1. La première dans la constellation de Persée, à l’extrémité de sa main droite. [L’Amas double de Persée = NGC 869/884]
  2. La deuxième dans la poitrine du cancer, et qui est appelée la Crèche. [Messier 44]
  3. La troisième, suivant le dard du Scorpion vers l’est. [Messier 7]
  4. La quatrième dans la tête du Sagittaire au-dessus des yeux. [Les étoiles ν¹ et ν² Sgr]
  5. La cinquième dans la tête d’Orion. [Le groupe d’étoiles de λ Ori = Collinder 69]

De ces cinq étoiles nébuleuses notées par Ptolémée dans son catalogue d’étoiles, les quatre premières sont bien des Nebulosæ ; la cinquième, sur la tête d’Orion, je décrirais comme Luminosa dans la mesure où elle est « stellarisée », que plusieurs étoiles y brillent clairement ; non pas selon la troisième définition, mais vraiment comme un globe nébuleux, qui est contraire à la définition de Nebula. [Voir « Contexte », ci-dessus.]

Ainsi plus récemment, plusieurs autres nébuleuses, plus petites, sont dénombrées dans l’œil du Sagittaire. [ν¹/ν² Sgr] Pour Brahe et son élève Longomontanus, il y a quatre étoiles nébuleuses dans la tête du Capricorne, mais si petites, en fait, qu’un grand effort des yeux est nécessaire, à savoir :

  1. La nébuleuse qui précède la pointe supérieure. [ξ¹/ξ² Cap selon les positions de Longomontanus (voir encadré).]
  2. La nébuleuse à l’ouest de la base du triangle sur le front. [π Cap]
  3. La nébuleuse à l’est. [ο Cap]
  4. La nébuleuse qui précède le front. [σ Cap]

Elles sont toutes si petites et faibles, qu’elles devraient plutôt compter comme étoiles Obscuræ. On peut donc voir, autant que Brahe était précis dans la constellation du Capricorne, puisqu’il y a plusieurs nébuleuses remarquables dans le Scorpion, le Sagittaire, autour de et près de Sirius, et aussi dans la zone boréale, qui n’ont pas encore été observées. [Pas assez de détails pour identifier ces autres objets.]

  1. Aussi la cinquième dans la constellation d’Hercule à savoir :

    Les trois dernières Obscuræ sont dans le pied gauche, que Longomontanus notait dans le pied gauche de Gnossiæ [Hercule], que je n’ai pu voir pour l’instant, probablement parce que trop faibles. [Ces trois Obscuræ sont de part et d’autre de ι Her ; x Her et y Her (donnée trop au nord) à l’ouest, et HR 6641 à l’est. Serio, Indorato et Nastasi, de même que Saloranta, identifient plutôt 88 Her ou 90/82 Her. Gnossiæ est une déformation de Ἐνγούνασι/Ἐνγόνασι/ἐν γόνασιν, de ὁ ἐν γόνασι καθήµενος, « agenouillé ». Le nom Gnossiæ est aussi attribué à la Couronne Boréale ou son étoile Alpha (aujourd’hui appelée Alphecca), car celle-ci fut, selon certaines versions de la mythologie grecque, donnée par Dionysos à Ariane, qui l’a placée au ciel pour célébrer son mariage avec lui. Ariane était surnommée Cnossiæ ou Gnossiæ, car elle était née à Cnossos sur l’ile de Crête.]

Pour conclure, nous observons en tout, les modernes avec les anciennes, dix Nebulæ et non plus dans l’hémisphère visible de l’Europe ; à celles-ci on peut ajouter cinq autres Nebulæ, à savoir : [Les objets suivants sont donc des découvertes d’Hodierna.]

  1. Celle au-dessus de la queue du Scorpion vers le nord, et vers le Chariot selon le système de Ptolémée. [Peut-être NGC 6441, mag. 7,15, dont la découverte est habituellement créditée à James Dunlop en 1826.]
  2. Celle près de la Voie lactée au-dessus de l’arc du Sagittaire à l’ouest. [La nébuleuse du Lagon, M8, ou l’amas ouvert qui lui est associé, NGC 6530 ; peut-être les deux objets ensemble ? La description est trop vague…]
  3. Celle à la tête d’Algol, à l’épaule gauche de Persée. [L’amas ouvert M34.]
  4. Celle qui précède le bec du Cygne, dans la séparation de la galaxie, sur la même ligne, entre l’Aigle et la Lyre. [Le Cintre = Collinder 399]
  5. Celle près du Triangle, et de là le double. [La phrase est très ambigüe et peut être traduite de quelques façons. Ce pourrait être Messier 33 ou NGC 752 — ce dernier est environ à deux fois la longueur du petit côté du Triangle, au nord. Sa découverte est habituellement créditée à Caroline Herschel en 1783 ; celle de M33, à Charles Messier en 1764.]

Outre ces quinze Nebulæ, quatre autres de l’hémisphère austral, que les Indiens ont vues et ajoutées, deux dans la constellation du Paon, et autant dans la constellation du Phénix. Aussi les deux nuages blanchâtres près du pôle antarctique, qui sont aussi de nature Nebula, qu’il convient d’appeler comme les grands nuages de l’espace qui entourent toute la sphère, que les Grecs appellent Galaxie, ou Voie lactée en latin. [Les Tables Rudolphines (1627, p. 118) listent pour le Paon Adjacens parvula 13. 49 ♑ 47. 0 A ne (probablement σ Pav, mag. 5,4) et Adjacens nebuloſa 8. 29 ♑ 46. 5 A ne (HR 7579, mag. 5,73), et pour le Phénix Ad pedem dextrũ trium oriental 5. 29 ♓ 45. 10 A ne (près de HD 2726, mag. 5,67) et Occidentalior 6. 59 ♓ 45. 40 A ne (près de HD 3025, mag. 7,46 ; toutefois improbable). Les étoiles λ¹ et λ² Phe (mag. 4,8 et 5,5, respectivement) sont toutefois environ 1° au sud de ces positions, et seraient de meilleures candidates. Les « deux nuages blanchâtres » sont sans doute les Nuages de Magellan. Notons que les objets de ce paragraphe n’ont pas été observés par Hodierna lui-même.]

II. Où en plus des étoiles Obscuræ, et qu’on a récemment préféré appeler obscures, de nombreuses sont à compter comme des astres brillants.

D’abord, quatre indiqués par Ptolémée comme Occultæ, entre les deux pieds arrières de la grande Ourse, et au sud de la tête du Lion. [Aucun objet de marque ne se trouve là. Ce devait être une étoile double, ce qui correspondrait à l’explication « à compter comme des astres brillants », c’est-à-dire des étoiles et non des « nébuleuses ».]

Deux objets amorphes au-dessus du dos du Lion, dans la Chevelure de Bérénice. [L’amas de la Chevelure, Melotte 111, mais quoi d’autre ?]

Une amorphe, qui précède les étoiles dans la tête d’Algol. [L’amas double, NGC 869/884, et M34 ont déjà été mentionnés comme Nebulæ, alors celui-ci est difficile à identifier.]

Quatre enfin dans la constellation du Petit cheval, comme onze et non plus d’Occultæ indiquées par Ptolémée dans son catalogue. [Le Petit cheval (Equuleus) ne contient aucun objet de ciel profond accessible aux instruments de Hodierna ; de plus, tant Astronomia Danica que les Tables Rudolphines listent seulement quatre étoiles à la constellation, toutes de magnitude 4 — pas vraiment « Occulta »…]

En fait, Brahe et son disciple Longomontanus comptent seulement neuf étoiles obscures, moins que Ptolémée, à savoir :

Aucune de ces onze, que Ptolémée mentionne, ne semble admise comme Obscura par Brahe : Tycho admet quatre autres, placées par Ptolémée dans le Petit cheval et marquées comme Obscures, de quatrième magnitude. J’admets le même nombre ; dignes de considération, et que j’ai constatées par expérience. J’ai prouvé grâce au télescope, que ce sont clairement quatre étoiles, bien séparées au télescope, dans le Petit cheval : à savoir, aucune trace d’Obscura en elles je n’ai vue, et j’affirme que, comme les autres, elles sont doubles ou multiples. [Il s’agit effectivement de simples étoiles de quatrième magnitude.]

De même quatre Occultæ, mentionnées par Ptolémée entre les deux pieds antérieurs de la Grande ourse, et à la tête du Lion vers le sud près des pieds boréaux du Cancer, j’ai observées au télescope, et j’ai découvert plusieurs étoiles sont doubles, de même quatrième magnitude, et d’aspect brillant, et belles, et les doubles dans les pieds antérieurs de l’Ourse sont apparues soudainement très semblables.

On peut donc noter que l’occultation ou l’obscurité de ces étoiles n’est pas la lumière, et clairement les [étoiles] faibles on ne peut que deviner, telles des hallucinations, et il est difficile de déterminer si l’objet est simple, double, ou multiple ; combien d’étoiles Occultæ on ne peut pas exactement situer et décrire : et ainsi combien de ces étoiles cachées, échappent à la vue : donc si quelque étoile double, dans les pieds arrières de la Grande ourse, il est facile d’échapper le nombre de leur volutes.

Cependant d’aucune façon Ptolémée n’a recensé toutes ou même chacune des étoiles Occultæ, il en existe de telles autres, doubles ou multiples, à découvrir : ainsi deux étoiles floues mais brillant près du dos du Lion, dans la queue de l’Ourse, et dans la Chevelure de Bérénice, d’abord semblant faibles, mais au télescope, elles ont une forme cométaire et ne sont ni des étoiles doubles, ni des étoiles multiples, mais comme une enveloppe de nébuleuse repliée sur elles-mêmes : celles-ci sont dans la table de Ptolémée.

Une étoile Occulta avant les deux du sud de la Chevelure. [14/16 Com ou 18/21 Com selon Jaakko Saloranta.]

Suivant elles, et de forme semblable à un fuseau de rose, et est d’aspect tournant. Celle même que Copernic a décrite comme ayant la forme d’une feuille de lierre. [12/13 Com selon Jaakko Saloranta ; ce pourrait aussi être Melotte 111, l’amas ouvert de la Chevelure de Bérénice, mais il semble déjà identifié ailleurs…]

À ces deux j’ajoute une troisième, également très remarquable, jamais vue (à ma connaissance) par personne. C’est l’étoile insoluble sur la cuisse droite d’Andromède, ou sous le lys de Cassiopée, passé les deux étoiles brillantes dans la boucle de la ceinture d’Andromède. Cette Obscure ressemble à l’œil nu à une Nébuleuse, mais ne l’est pas : il s’agit plutôt d’une Cæca parce que, au télescope, aucune multitude d’étoiles proches ne peut être distinguée en elle, mais plutôt une splendeur d’étoiles Occultæ, comme une comète, comme deux étoiles que Ptolémée avait pensé voir près de la Chevelure de Bérénice. [Il s’agit de la galaxie d’Andromède, M31, découverte en fait par Al Sûfi ; Hodierna n’était manifestement pas au courant de ce fait…]

Vois, [lecteur,] combien de choses de caractère admirable il y a à découvrir dans le ciel : on peut seulement s’interroger sur pourquoi elles sont cachées.

En outre, en plus des dix étoiles Occultæ, commandées par Ptolémée, et onze que Brahe a observé, et une invoquée par nous, qui est le nombre vingt-deux parfait dans l’univers, il y a encore beaucoup de cette sorte d’étoile dans chacune des constellations du ciel, qu’importe le nom qu’elles aient, que je puisse trouver particulièrement d’Occultæ, d’Obscures, et de nébuleuses.

Il est en vérité impossible de relever et d’indiquer l’univers les étoiles Nébuleuses et Obscures, en fait il semble que les astres se soient écrits eux-mêmes à ton jugement.

III. Des étoiles Luminosæ, depuis Ptolémée tous semblent appeler Luminosæ et ne font que répéter en disant avoir vues ; mais il semble étrange que pour la plupart, bien qu’elles soient parfois notables, aucun autre astronome n’en ait remarqué d’autres de la même sorte ; pas même celle qui brille dans le nord au-dessus de la queue du Lion, la Chevelure de Bérénice.

Plusieurs de ces constellations [sic] Luminosæ se trouvent sous les cieux, dont voici la liste, à savoir :

D’abord, le prince du chœur des étoiles brillantes brille dans le cou du Taureau ; six ou sept étoiles « célèbres » sont visibles, en plus de nombreuses autres qui brillent, si fines et rapprochées, et qui semblent courir çà et là, à cause du nombre de ce que les grammairiens conviennent d'appeler les Pléiades, mot grec, selon Ovide :

Les Pléiades commencent à soulager les épaules de leur père.
On dit qu’il y en a sept, mais six seulement se montrent d’ordinaire.

Les Latins les appellent habituellement Virgiliæ, et elles apparaissent avec le Soleil au printemps, et pour qui peut bien les voir, il y en a sept ; qui voit moins bien, à peine cinq. En fait, au télescope, on peut aisément en voir bien plus de sept, et au moins une trentaine d’étoiles sont aisément comptées, qui apparaissent clairement en rangées comme dans le schéma ci-dessous. [Pas reproduit ici.]

Il n’est pas injuste de comparer cette multitude d’étoiles à une mère poule suivie du groupe uni de ses poussins.

Nous corrigeons les distances entre les Pléiades notées par Vicente Mut selon un appendice au nouvel Almageste, suivant le père Riccioli, à savoir :

2. La deuxième constellation [sic] d’étoiles groupées, que l’on peut justement qualifier de brillante, remarquable, et très grande, qui brille dans cette même région du ciel, c’est-à-dire dans la tête du Taureau ; ce grand tumulte de tourbillons d’étoiles.

Cette constellation [sic] des plus lumineuse est appelée par nos confrères du terme Hyades, et par les poètes Sœurs : les Latins ont coutume de les appeler Petits cochons (selon la coutume au soleil levant quand elles se couchent, l’eau se soulève et cause la pluie et les tempêtes).

On dit qu’il existe sept vraies Hyades, c’est-à-dire, une dans chaque œil, (mais la plus brillante est à gauche, qu’appelle Palilitium [Aldébaran]), une dans le milieu du front : deux dans les narines : et de même [une] à la sortie [de chacune] des cornes.

En plus de ces sept étoiles plus brillantes : et des sept autres dans la poitrine : dans le cou, et dans les genoux du Taureau, n’importe qui peut facilement compter, en plus d’innombrables autres étoiles plus faibles, ce qui est la constellation [sic] lumineuse, comme avec l’aide du tube de Dédale, qui regarde le Taureau admire sa valeur, de si nombreuses étoiles, qu’on m’a expliquées voir d’un coup, et d’un coup d’œil au télescope, il y en a tellement plus, pour les compter distinctement elles portent à confusion, et pour cette raison, j’ai abandonné mon idée de les compter.

Ces étoiles se situent particulièrement dans ces limites.

  1. La première narine longit. 0 57 degrés latit. 5 46 degrés sud.
  2. L’œil nord du Taureau longit. 3. 39. deg. latit. 2. 36. deg. sud.
  3. Paliliti ou Aldébaran les yeux sud long. 4. 58. latit. 5. 31. sud.
  4. L’étoile qui est à l’œil nord longit. 2. 2. latitude 4. 2. sud.
  5. L’étoile qui est à l’œil sud longit. 3. 7. latit. 5. 53. sud.
  6. À la base de la corne boréale longit. 7. 21. latit. 0. 40. nord.
  7. À la base de la corne australe longit. 8. 158. latit. 3. 40. sud.

3. La troisième constellation [sic] Luminosa qui nous est présentée, que par analogie tous les astronomes en sont venus à appeler Luminosa, est la Chevelure de Bérénice, aussi appelée Coma, et brille après le dos du lion à la queue de la Grande ourse, et bien qu’elle comprenne bien d’autres groupes d’étoiles faibles et innombrables, rien d’autre ne la distingue sinon un grand nombre d’étoiles. Nous ne nous y attarderons donc pas.

4. Le quatrième [objet] de nature Luminosa brille sur le côté droit de Persée près de la Voie lactée, où plus d’une étoile de magnitude remarquable, qui brille de ce côté, et quelques zones nébuleuses sont aussi présentes. [Il s’agirait du groupe d’Alpha Persei (α Per), Melotte 20.]

5. La cinquième dans l’épée d’Orion est enceinte de vingt-deux étoiles, tel que vue au télescope. Mais cette constellation [sic] lumineuse apparait plus merveilleuse par une splendeur opaque, qui semble illuminer l’intérieur du centre avec trois étoiles, proéminentes, qu’il est possible de voir dans cette configuration, dans la même zone. [Les « trois étoiles » mentionnées par Hodierna font partie du Trapèze, θ Ori. Cet objet est la nébuleuse d’Orion, M42.]

6. La sixième brille dans la tête d’Orion où, bien qu’à l’œil nu seulement trois étoiles soient présentes, vue au télescope cette constellation [sic] comprend 14 étoiles, circonscrites dans cette zone. [C’est l’amas ouvert Cr 69, contenant λ, φ¹ et φ² Ori.]

7. La septième étoile Luminosa brille fortement dans la troisième vertèbre du Scorpion, pour la disposition coordonnée de 17 étoiles, clairement, avec une nébuleuse attachée, à l’image du schéma qui suit. [Le schéma, pas reproduit ici, correspond à NGC 6231, dont la découverte est attribuée à Edmund Halley en 1678.]

8. La huitième Luminosa brille entremêlée dans les eaux du Verseau, en grandes quantités, à l’image de l’eau qui coule et forme de l’écume. [Hodierna ne donne pas assez d’information pour identifier cet objet. Ce pourrait être un astérisme de cinq étoiles autour de 104 Aquarii, mais plus probablement d’un astérisme formé par ψ¹, ψ², et ψ³ Aqr.]

TROISIÈME SECTION

[Je n’ai pas traduit cette section, car elle n’est pas pertinente.]

QUATRIÈME SECTION

[…]

Il reste à élucider comme quelques exemples d’étoiles Nebulosa, que j’ai déduites du ciel, et décrites d’un style particulier, à étudier par les assidus de choses célestes.

Parmi les étoiles Nebulosæ donc, Præsepe du Cancer, la plus noble de toutes, parce qu’elle est solitaire et même étrangère, plus distante de la Voie lactée, occupe la première place : sans compter l’empreinte de quelques étoiles, outre l’Âne [les Aselli, soit Asellus Borealis (γ Cnc) et Asellus Australis (δ Cnc)], qui l’encercle : Galilée y note 36 étoiles vues au télescope. En fait il y en a 38, en plus d’autres qui échappent à l’œil par leur faiblesse, dans toute la zone étudiée. Sa longitude centrale est d’environ 1. 56 degré du Lion, latitude 1. 14 degré nord. [Præsepe]

La deuxième Nebulosa, qui en ordre surpasse les autres, est dans le Scorpion, et est la plus évidente d’entre toutes ; sauf qu’elle est proche de la Galaxie [Voie lactée], derrière le dard du Scorpion vers l’orient, avec 30 étoiles de diverses magnitudes indistinctes disposées en rangs, comme indiqué dans cet ouvrage. Sa longitude centrale est d’environ 23 degrés du Sagittaire, sa latitude vraie 13 degrés sud. [M7]

La troisième Nebulosa, première de celles décrites par Ptolémée, est dans la constellation de Persée au-delà de l’extrémité de la main droite, sous Cassiopée, très brillante dans la Voie lactée, par une extraordinaire abondance d’étoiles, qui en deux endroits sont regroupées, la moyenne desquelles a été mesurées à 8. 19 degrés et 39 degrés de latitude. [L’amas double, NGC 869/884]

La quatrième Nebulosa est la seconde et plus petite de deux qui brillent près du dard du Scorpion, en fait au-delà la courbe du dard, dans la grande zone au nord et à l’ouest. [Aucune position, mais un schéma permet d’identifier M6]

La cinquième étoile Nebulosa s’enroule ; difficilement visible, elle brille dans l’œil droit du Sagittaire, neuf étoiles ensemble, la plus brillante desquelles se trouve à la longitude 7. 16 degrés du Capricorne avec latitude boréale de 0. 45 degré. [ν¹/ν² Sgr]

La sixième Nebulosa, vue dans la même région du ciel du Sagittaire au-dessus de la flèche à l’ouest près de la Galaxie [Voie lactée], brille deux fois plus longue que large, qui a des étoiles remarquables, comme expliqué dans cet ouvrage.

Sa longitude 25 degrés du Sagittaire, latitude 1 degré nord. [Il s’agit sans aucun doute de l’amas associé à la nébuleuse du Lagon, M8. Le schéma est plutôt ressemblant.]

La septième Nebulosa est aussi deux fois plus longue que large et brille dans la constellation du Cocher ; le modèle de la constellation, comme l’œil le voit immédiatement et facilement.

Dans celle-ci trois Nebulosi notées C, F et G, vues, desquelles C de toutes la plus apparente, comme nous décrivons dans cet ouvrage. [Les trois objets sont de toute évidence M36, M37 et M38.]

La huitième Nebulosa se trouve dans la séparation de la Galaxie [Voie lactée], et dans la même ligne qui va de [l’étoile] la plus brillante de l’Aigle au violon [la Lyre], que nous avons décrite comme un nœud. [Le Cintre = Collinder 399, aussi noté par Al Sûfi.]

La neuvième même, qui dans la constellation d’Hercule, ou le Gnossiæ, dans le pied gauche comme décrit par Tycho, je n’ai pas observée [parce que trop faible]. [x Her (77 Her)]

La dixième située, qui précède ensemble d’un double éloignement la tête du Capricorne, brille doucement après le dos du Sagittaire. La disposition de ses étoiles est notée dans un schéma ajoutant aux connaissances du Capricorne. [Le texte parle d’une nébuleuse, mais le schéma indique deux objets… L’objet B est identifié à ξ¹/ξ² Cap (mag. 6,34/5,84) par Serio, Indorato et Nastasi, qui peinent à identifier A, indiquant que les deux seraient des étoiles.]

Ces étoiles Occultæ n’ont pas encore été vues par l’auteur ; on pourra lire dans un Appendice futur quand je les observerai. [Aucun nouveau texte ne m’est connu.]

En plus de ces dix Nebulosa qui ont été vues à l’œil et décrites ici, il y en a plusieurs notables, en divers endroits du ciel : parmi les plus principales est la Nebulosa [M47] entre les chiens, que l’on trouve sur une droite tracée de la queue [du chien] Sirius [le nom a parfois été attribué au Grand Chien en son entier] à Algomeisa du Petit Chien [β CMi] ; une autre près de Sirius [M41] ; près de la base de la queue du Chien [τ CMa et NGC 2362] [sur des cartes manuscrites dans Registrum omnium constellationum, Hodierna aurait aussi identifié Cr 140 (« M »), Cr 132 (« Neb. 4 », à droite de M), et Cr 135 (P in extremitate caudæ Luminosa) ; une de chaque côté près du Triangle [M33 déjà mentionné] ; près de la corne orientale du Bélier [λ Ari ?] ; dans le Poisson boréal près d’Andromède [probablement un astérisme] ; près de la brillante du Cygne au nord [un astérisme ?] ; près des Hyades et des Pléiades [à cause de la mauvaise qualité de son instrument ?] ; dans le bras droit d’Orion, et dans le bâton du même [NGC 2169 et NGC 2175 possibles] ; au-dessus de la tête d’Algol, à peine visible [encore M34 ?] : de même, et plusieurs étoiles Occultæ sont notées partout dans le ciel : dans le corps du ciel après la queue [référence à un texte de Restoro d’Arezzo, La Composizione del Mondo, dont je n’ai pas trouvé de traduction] ; une brille dans l’Éridan après la petite zone sombre à l’ouest ; entre le Lièvre et la Colombe [trois objets impossibles à identifier ; peut-être le Petit nuage stellaire de l’Écu ou M24, NGC 1269 (= NGC 1291), et ν² Col, respectivement] ; d’autres innombrables dans la Galaxie [Voie lactée] qu’il serait trop ardu de noter, mais à étudier par les chercheurs, que nous noterons 18, 19, 20, 21, 22.

[…]

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