Calendriers d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui

Publié le 27 avril 2020 par Pierre Paquette

Date présente (Temps Universel) :

 

Jour julien : 

Cal. julien : 

Cal. hébraïque : 

Cal. islamique : 

Cal. copte : 

Cal. éthiopien : 

Cal. perse : 

Cal. bahá’í : 

Cal. maya : 

Solaire hindou : 

Lunaire hindou : 

Rév. français : 

(Réforme Romme) : 

 

Certaines dates peuvent être erronées, compte tenu que dans certains calendriers, le jour débute au coucher du soleil plutôt qu’à minuit.

 


Sur Mars : 

Sol , an

Calendrier 2020Le calendrier grégorien, que l’on utilise en Occident, n’est ni le premier calendrier inventé, ni le seul utilisé par l’humanité même encore aujourd’hui. Explorons ensemble quelques calendriers ainsi que l’histoire qui se cache derrière certains d’entre eux.

Hier encore…

La mesure du temps a toujours eu un lien avec l’astronomie. Le cycle le plus facile à percevoir est celui du Soleil, qui se lève et se couche à répétition, éclairant nos jours et laissant nos nuits dans l’obscurité, sauf pour la présence occasionnelle de la Lune. Il va donc de soi que ces deux astres soient au cœur même de nos unités de mesure du temps. Outre le cycle jour/nuit, le plus évident par la suite est celui des phases de notre satellite — d’une pleine lune à l’autre, il s’écoule environ 29½ jours. D’ailleurs, même dans les plus anciennes langues que l’on connaisse ou que l’on ait (si bien que mal) reconstruites, les mots « lune » et « mois » sont semblables l’un à l’autre, comme Moon et month en anglais, ou même identiques, comme 달 (dal, prononcé [ta̠ɭ]) en coréen, 月 yuè (mandarin) / jyut (cantonais) / [tsùkíꜜ] (japonais), ou mwezi dans certaines langues africaines.

Un gros problème de la conception d’un calendrier est l’irréconciliabilité des deux cycles, d’où l’emphase du mot « environ » dans le paragraphe précédent — j’y reviendrai. Cela a donné naissance à deux types de calendriers : les solaires et les lunaires, dont le croisement est le calendrier de type lunisolaire. Voyons ce qu’il en est de chacun.

Calendriers solaires ☀️

Lorsqu’on l’observe à son passage au méridien, le Soleil n’est pas toujours à la même hauteur dans le ciel. Ce mouvement apparent est dû à l’inclinaison (ou obliquité) de la Terre sur son orbite, fixe par rapport aux étoiles *. Pendant que la Terre tourne autour du Soleil, son axe semble donc bouger par rapport à ce dernier, comme l’indique l’animation ci-dessous. De ce changement découlent aussi des changements météorologiques réguliers que sont les saisons, plus prononcées loin de l’équateur terrestre.

* En fait, l’axe de la Terre pivote autour d’un axe perpendiculaire au plan de l’orbite terrestre, aussi appelé écliptique, en quelque 25 772 ans.

Le cycle se répète tous les 365 jours… ou environ ! On appelle cette durée l’année. Et c’est ici que les idées s’entrechoquent sur comment gérer la différence. Les plus anciennes mesures de l’année — datant probablement d’une époque où les humains ne saisissaient pas encore le concept mathématique de fractions — lui donnaient 365 jours exactement, et le calendrier égyptien est basé sur cela. Cependant, il dérive par rapport aux saisons — que les Égyptiens de l’Antiquité notaient par la crue du Nil — et il ne fallut pas beaucoup de temps avant que l’on estime plutôt la durée de l’année à 365¼ jours. Un calendrier basé sur cette durée est le calendrier julien, utilisé en Europe depuis son initiateur, Jules César. Mais même celui-ci dérive par rapport aux saisons, et en 1582, on recalcula la durée de l’année à 365,2425 jours et on adopta le calendrier grégorien, en usage depuis lors en Italie, puis graduellement dans le reste du monde. D’autres calendriers solaires ont existé ou existent encore, comme on peut le voir dans le tableau ci-dessous.

Tableau . Exemples de calendriers solaires.

Calendrier badí‘

Calendrier bulgare

Calendrier copte

Calendrier égyptien

Calendrier juche (Corée du Nord)

Calendrier éthiopien

Calendrier de l’holocène

Calendrier indien

Calendrier jalali

Calendrier minguo

Calendrier népalais

Calendrier républicain français

Calendrier romain

Calendrier runique

Calendrier solaire thaï

Calendrier suédois

Calendrier tamoul

Cette liste ne se veut pas exhaustive et peut omettre certains calendriers solaires.

Je reviendrai plus loin sur certains de ces calendriers : le calendrier romain, le calendrier julien, et le calendrier grégorien, bien entendu, mais aussi le calendrier égyptien, le calendrier copte, et le calendrier suédois.

Pleine lune
Pleine lune du 22 octobre 2010, par Gregory H. Revera via Wikimedia Commons.

Calendriers lunaires 🌒

Si on utilise plutôt la Lune que le Soleil pour mesurer l’année, on a affaire à un calendrier lunaire. Dans celui-ci, les phases de la Lune déterminent les mois — l’origine même du concept. Bien qu’il semble que les Égyptiens aient utilisé un calendrier purement lunaire avant de passer à leur calendrier solaire de 365 jours, la plupart des autres calendriers communément qualifiés de « lunaires » sont en fait lunisolaires, c’est-à-dire qu’ils sont gardés en synchronisme avec l’année solaire d’une façon ou d’une autre.

Le seul calendrier purement lunaire à être utilisé présentement est le calendrier islamique. De plus, il est, pour la plupart des musulmans, basé sur l’observation des phases de la Lune plutôt que sur le calcul. Il dérive sans doute, plus ou moins directement, des anciens calendriers égyptien ou babylonien, aussi lunaires — plus probablement de ce dernier, puisque les Égyptiens considéraient la « nouvelle » lune comme étant le dernier croissant visible le matin avant le lever du soleil, vers l’est (point cardinal lié pour eux à la naissance, contrairement à l’ouest qui était associé à la mort), tandis que les Babyloniens se basaient sur l’observation du premier croissant visible à l’ouest après le coucher du soleil, comme le font les musulmans aujourd’hui.

Pourquoi les autres calendriers ne sont-ils pas purement lunaires ? Comme mentionné ci-dessus, la durée entre deux pleines lunes successives est d’environ 29½ jours. L’année solaire dure essentiellement 365¼ jours, une période non divisible par 29½ (on a 365¼ ÷ 29½ = 12,38135593…). Comme nous le verrons plus loin, il existe toutefois un cycle presque exact de répétition des phases lunaires aux mêmes dates solaires. Celui-ci est basé sur le fait que l’année solaire (en fait, l’année tropique, c’est-à-dire celle liée aux saisons) est un peu plus longue que 12 cycles lunaires, mais un peu plus courte que 13 cycles. En effet, 12 mois lunaires totalisent 354 jours, et 13 mois lunaires, 383,5 jours. Mais après 235 mois lunaires, soit 6 939,688 jours, on a à toutes fins pratiques 19 années tropiques (6 939,602 jours).

Au bout de 19 années tropiques ou 235 mois lunaires, on retrouve donc le synchronisme de la phase lunaire du premier cycle avec la date dans l’année, à 1 h 27 min 33 s près (en pratique, les dates peuvent changer d’une ou deux journées en plus ou en moins, notamment à cause des années bissextiles).

Si l’on veut conserver le synchronisme phase/saison en tout temps, il faut parfois compter une treizième lune dans l’année, un processus appelé intercalation (et qui n’est pas restreint à l’ajout d’un mois lunaire, puisque nos années bissextiles résultent aussi d’un processus d’intercalation. Une combinaison des plus faciles à suivre est d’avoir douze années de douze mois lunaires et sept années de treize mois lunaires. Bien que le cycle soit appelé cycle de Méton ou cycle métonique, il était connu bien avant Méton d’Athènes (Μέτων ὁ Ἀθηναῖος), qui a vécu au cinquième siècle avant l’ère commune.

Le calendrier musulman est strictement lunaire, puisqu’en Islam, le concept d’intercalation est contraire aux enseignements d’Allah.

Le Soleil et la Lune, par deux sondes de la NASA
Montage d’images du Soleil et de la Lune prises par les sondes Solar Dynamics Observatory et Lunar Reconnaissance Orbiter de la NASA. Cliquer pour agrandir. Crédit : NASA/SDO/LRO/GSFC.

Calendriers lunisolaires 🌒/☀️

La plupart des autres calendriers basés sur la Lune ont une forme quelconque d’intercalation, que ce soit l’ajout d’une journée à certains mois ou carrément l’ajout d’un mois à l’année. On trouve parmi ceux-ci, mais sans s’y limiter, les calendriers du tableau ci-dessous.

Tableau . Exemples de calendriers lunisolaires.

Calendrier attique

Calendrier babylonien

Calendrier chinois

Calendrier celte

Calendrier hébraïque

Calendrier inca

Calendrier jain

Calendrier japonais

Calendrier coréen

Calendrier macédonien

Calendrier muisca

Calendrier nisga’a

Calendrier ojibwe oriental

Calendrier birman

Calendrier lunaire thaï

Calendrier tibétain

Calendrier vietnamien

Les calendriers attique, babylonien, chinois, et hébraïque sont couverts plus en détails ci-dessous.

Et ailleurs ? 🪐

Le concept de passage du temps ne s’applique bien évidemment pas seulement à la Terre, et on peut concevoir des calendriers appropriés pour d’autres planètes. Les concepts de semaine et de mois, dérivés de notre satellite naturel, seraient toutefois probablement absents ou étrangers à ces calendriers. De même, l’année aurait une durée différente. Sur Mars, par exemple, l’année dure 668,6 sols (jour martien) ; par convention, les années martiennes sont numérotées à partir du 11 avril 1955, une date choisie « au hasard » en 2000 par R. Todd Clancy et son équipe. Ainsi, on est présentement au sol  de l’année .

Aucun système semblable n’est d’usage répandu pour les autres planètes. On peut toutefois supposer que pour Vénus et les géantes gazeuses/glacées (Jupiter, Saturne, Uranus, et Neptune), il serait difficile de noter précisément le passage des astres dans le ciel à cause de l’abondante couverture nuageuse. Sur Mercure, où le jour dure deux ans, le calendrier aurait une allure très étrange à nos yeux de terriens.

Calendrier babylonien 🌒/☀️

Commençons donc notre survol des calendriers avec le calendrier babylonien, l’un des plus anciens au monde. En fait, on devrait plutôt parler du calendrier sumérien, la civilisation de Sumer ayant précédé celle de Babylone, mais son calendrier nous est mal connu. Le calendrier babylonien qui lui a éventuellement succédé, et qui se base sûrement dessus, est lunaire au départ, mais devient très rapidement lunisolaire, pour le garder en synchronisme avec les saisons. Les années comptent douze mois lunaires, de 29 ou 30 jours selon ce que le prêtre-astronome observe, à l’exception des années 1, 4, 7, 9, 12, 15, et 18 d’un cycle de dix-neuf ans *, qui comptent treize mois lunaires — c’est l’origine du cycle métonique précédemment mentionné. Ce système date cependant d’environ 499 AÈC, avant quoi on ajoutait trois années par période de huit ans, depuis environ 535 AÈC. Entre 499 AÈC et 380 AÈC, il y eut toutefois trois exceptions à l’application du cycle de dix-neuf ans.

* Ces valeurs sont de Reingold et Dershowitz ainsi que de van Gent. Wikipédia indique plutôt les années 3, 6, 8, 11, 14, 17, et 19, mentionnent plutôt que l’intercalation avait lieu aux années 1, 4, 7, 9, 12, 15, et 18. La différence s’explique probablement par le choix de l’époque ou de la région.

Les mois (𒌗 puis 𒌚 ; sumérien ITI, ITU, ou UDU, etc. ; akkadien* araḫ ; signifie aussi « Lune ») sont divisés en trois groupes, que l’on pourrait comparer à des saisons (bien que dans le sud de la Mésopotamie, on ne distinguait que deux saisons : l’été, saison des récoltes d’orge (𒊺 ; sum. ŠE, akkad. uţţatu, déjà utilisé pour fabriquer de la bière [𒍒 ; sum. KAŠ, akkad. šikaru] après germification en malt [𒉽𒉽 ; sum. MUNU₄, akkad. buqlu] — les esclaves étaient payés en pain et en bière) et l’hiver.

* L’akkadien inclut les dialectes assyrien (nord de la Mésopotamie), babylonien (centre et sud), mariote (nord, près de la cité de Mari au sud-est de la Syrie actuelle), et Tell Beydar (nord-est de la Syrie actuelle).

Tableau . Mois du calendrier néo-assyrien et néo-babylonien
𒊕𒈬 Reš Šatti, « début d’année »𒁇𒈬 Mišil Šatti, « milieu d’année »𒌀𒈬 Qīt Šatti, « fin d’année »
𒁈Nisānu « sanctuaire »mars-avril𒉈Abujuillet-août𒃶Kislimudécembre-janvier
𒄞Āru « taureau »avril-mai𒆥Ulūluaoût-septembre𒀊Ṭebētum (« l’arrivée de l’eau »)janvier-février
𒋞Simanumai-juin𒇯Tišritum (« commencement » de la deuxième moitié de l’année)septembre-octobre𒊭𒉺𒌅Šabaṭunovembre-décembre
𒋗Dumuzu divinité Tammuzjuin-juillet𒀳Samnu« pose des fondations »octobre-novembre𒊺Adārfévrier-mars

Lors des années de treize mois (dites « pleines », par opposition aux années « creuses » de douze mois), on ajoutait un second mois d’Adār avant le mois d’Adār, qui était alors renommé 𒊺𒂕 Adār Arku (« Adār arrière »), sauf l’année 18, ou un second mois d’Ulūlu est ajouté *, faute de quoi la seconde moitié de l’année (Tišritum) commençait trop tôt. Les noms des mois du calendrier hébraïque sont assez semblables, et le schéma d’intercalation est le même  ; cela origine de l’exil à Babylone de 597, 587–586, et 582–581 AÈC à 539 AÈC.

* Selon Reingold et Dershowitz ainsi que selon van Gent. Wikipédia indique plutôt qu’Ulūlu était ajouté à la 17e année. Voir aussi la note ci-dessus.
 Ou décalé de sept ans, selon certaines sources.

Déjà à cette époque, on observe la semaine de sept jours, probablement en lien avec les phases de la lune, environ sept jours séparant la nouvelle lune du premier quartier, le premier quartier de la pleine lune, etc. Certaines sources indiquent que la quatrième de ces semaines avait huit ou neuf jours, brisant le cycle mais aussi gardant le synchronisme avec les phases de la lune, tel que 3 × 7 + 8 = 29 et 3 × 7 + 9 = 30, le nombre de jours possibles dans chaque lunaison.

Tableau . Durée d’invisibilité de la lune dans les lueurs crépusculaires à Babylone selon le mois.
JanvierFévrierMarsAvrilMaiJuin
29 h33 h39 h41 h37 h33 h
JuilletAoûtSeptembreOctobreNovembreDécembre
29 h25 h21 h16 h21 h25 h

Les mois étant déterminés par l’observation, il va sans dire que leurs moments de début et de fin sont sujets aux conditions de celle-ci. On ne peut donc pas simplement considérer qu’un nouveau mois commençait, disons, la journée après le moment astronomique de la nouvelle lune, puisque celui-ci pouvait avoir lieu à différents moments du jour, entraînant donc une différence d’écart angulaire entre la lune et le soleil au moment où ce dernier se couchait. De plus, compte tenu de l’inclinaison différente de l’écliptique* par rapport à l’horizon, la période pendant laquelle la lune est invisible, dans les lueurs de l’aube ou du crépuscule, varie selon la saison, comme l’indique le tableau ci-contre.

* L’écliptique est le plan de l’orbite terrestre, mais aussi celui, moyen, de l’orbite lunaire (inclinée de 5° par rapport à lui, mais d’orientation fixe par rapport aux étoiles, donc variable selon la saion par rapport au Soleil).

L’ère du calendrier babylonien utilisé le plus récemment est l’ère séleucide, qui a commencé le 3 avril 311 AÈC du calendrier julien.. Cela nous place donc aujourd’hui dans l’année séleucide , bien que cette dynastie ne règle plus depuis longtemps — en fait, on a cessé d’utiliser le calendrier babylonien au sixième siècle de l’ère commune.

Le calendrier assyrien utilisait sensiblement les mêmes règles que le calendrier babylonien, mais son ère est plutôt le 1er avril 4750 AÈC. Aujourd’hui, ses mois sont de durée fixe : dans l’ordre, ils sont ܢܝܣܢ Nīsān, ܐܝܪ ʾĪyār, ܚܙܝܪܢ Ḥzīrān, ܬܡܘܙ Tammūz, ܐܒ \ ܛܒܚ ʾĀb/Ṭabbāḥ, ܐܝܠܘܠ ʾĪlūl, ܬܫܪܝܢ ܐ Tešrīn Qḏīm (Tešrīn 1), ܬܫܪܝܢ ܒ Tešrīn [ʾ]Ḥrāy (Tešrīn 2), ܟܢܘܢ ܐ Kānōn Qḏīm, ܟܢܘܢ ܒ Kānōn [ʾ]Ḥrāy, ܫܒܛ Šḇāṭ, et ܐܕܪ ʾĀḏar. Les six premiers ont 31 jours chacun ; les cinq suivants, 30 jours ; et ʾĀḏar a 29 jours. Les règles de détermination de l’année bissextiles semblent être les mêmes que pour l’année grégorienne.

Tant dans l’Antiquité qu’aujourd’hui, les Assyriens célèbrent le début de l’année (auj. le 1er avril) avec un festival appelé 𒀉𒆠𒌈 a₂-ki-tum (ou 𒀉𒆠𒋾 a₂-ki-ti ou 𒀉𒆠𒋼 a₂-ki-te), akk. akītu à l’époque, ou ܚܕ ܒܢܝܣܢ Kha b-Nīsān « premier [jour de] Nīsān [avril] » ou ܪܫܐ ܕܫܢܬܐ Reša d-Šeta « tête de l’année » de nos jours.

Parallèlement au calendrier lunaire, un calendrier « administratif » est éventuellement créé, avec douze mois de trente jours chacun : les intérêts des prêts d’argent sont comptés sur une base de 30 jours, etc. Cela évite d’avoir à garder une liste de la durée des mois passés ou d’avoir à se creuser la tête pour le futur, l’astronomie de l’époque n’étant pas assez précise ou avancée pour permettre le calcul des phases lunaires longtemps d’avance. Dans ce calendrier, les solstices et équinoxes sont aussi à dates fixes : le quinzième jour des mois 1, 4, 7, et 10—chose qui n’arriverait jamais avec un calendrier lunaire.

Calendrier musulman 🌒

Tableau . Dates grégoriennes associées au 1er Shawwāl 1426 AH selon la région du monde.
DatePays
Mercredi 2 novembre 2005Libye, Nigéria
Jeudi 3 novembre 2005Algérie, Arabie saoudite, Égypte, États-Unis (partie), Tunisie, et 25 autres pays
Vendredi 4 novembreAfrique du Sud, Bangladesh, Canada, États-Unis (partie), Inde (partie), Iran, Maroc, et 6 autres pays
Samedi 5 novembreInde (partie)

Le calendrier musulman ou ٱلتَّقْوِيم ٱلْهِجْرِيّ‎ at-taqwīm al-hijrīy est un calendrier purement lunaire basé principalement sur l’observation du premier croissant de lune (هِلَال‎ hilāl) après le coucher du soleil. Différents courants de pensée existent en Islam quant à l’autorité chargée de décider du commencement d’un nouveau mois. Certains fidèles se basent sur les observations d’une mosquée d’Arabie saoudite, d’autres sur celles d’une mosquée nationale, et d’autres enfin sur le calcul — au sujet de celui-ci, les avis diffèrent, certains le voyant comme contraire aux enseignements du prophète Mahomet, d’autres prônant qu’« une règle ne s’applique plus, si le facteur qui la justifie a cessé d’exister » et que les gens sont plus cultivés aujourd’hui qu’à l’époque du prophète (v. 570 – 632 ÈC) et sont donc habilités à faire le calcul plutôt qu’à devoir se fier sur les observations. Conséquemment, l’équivalence du calendrier musulman avec le calendrier grégorien peut différer selon les régions, comme en fait foi le tableau ci-contre.

L’ère de ce calendrier est celle de l’hégire, d’où l’abbréviation AH, du latin Anno Hegirae ou en français « année de l’hégire ». Selon wikipédia, l’hégire, nom féminin, est « le départ de Mahomet et de plusieurs de ses compagnons de La Mecque vers l'oasis de Yathrib, ancien nom de Médine, en 622 ». Plus précisément, le calendrier commence le premier jour lunaire de cette année-là, soit le 16 juillet 622.

Les mois étant lunaires et déterminés par l’observation, ils ont 29 ou 30 jours. Si le croissant lunaire n’est pas observé au trentième jour, un nouveau mois est déclaré, dans la plupart des courants de pensée.

Tableau . Mois du calendrier musulman.
NomNomNom
1ٱلْمُحَرَّم al-Muḥarram5جُمَادَىٰ ٱلْأَوَّل‎ Jumādā al-ʾAwwal9رَمَضَان Ramaḍān
2صَفَر Ṣafar6جُمَادَىٰ ٱلثَّانِيَة‎ Jumādā ath-Thāniyah10شَوَّال Shawwāl
3رَبِيع ٱلْأَوَّل Rabīʿ al-ʾAwwal7رَجَب Rajab11ذُو ٱلْقَعْدَة Zū al-Qaʿdah
4رَبِيع ٱلثَّانِي‎ Rabīʿ ath-Thānī8شَعْبَان Shaʿbān12ذُو ٱلْحِجَّة Zū al-Ḥijjah

Le calendrier musulman est strictement lunaire, puisqu’en Islam, le concept d’intercalation est une offense à Dieu (sourate 9, versets 36–37). L’année compte donc 354 ou 355 jours et décale graduellement par rapport aux saisons. Étant plus courte que l’année grégorienne, il n’y a pas de correspondance d’une-à-une entre les années, et le numéro de l’année de l’hégire se rapproche progressivement de celui de l’année grégorienne, auquel il sera égal en l’an 20874.

À cause des raisons expliquées ci-dessus, les dates du calendrier musulman données ici le sont à titre indicatif seulement et peuvent dévier d’une à trois journées de la réalité, selon la région concernée. Pour les mêmes raisons, je ne publierai pas ici de formule de conversion d’un calendrier à l’autre impliquant le calendrier musulman. Le convertisseur ci-dessous peut toutefois être utilisé sous réserve de ces limitations.

Convertisseur de date du calendrier musulman

Date du calendrier grégorien :

Date du calendrier musulman :
Jour : Mois : Année de l’hégire :

Tableau . Mois du calendrier hébraïque.
Rang ecclésiastiqueRang civilNomDurée (j)Grégorien
17נִיסָן Nissan30Mars/avril
28אִייָר Iyar29Avril/mai
39סִיוָן Sivan30Mai/juin
410תַּמּוּז Tammouz29Juin/juillet
511אָב Av30Juillet/août
612אֱלוּל Eloul29Août/septembre
71תִּשׁרִי Tishri30Septembre/octobre
82מַרְחֶשְׁוָן Heshvan29 (habituel) ou 30Octobre/novembre
93כִּסְלֵו Kislev30 (habituel) ou 29Novembre/décembre
104טֵבֵת Tevet29Décembre/janvier
115שְׁבָט Shevat30Janvier/février
126אֲדָר Adar29Février/mars
Les années pleines, un mois אֲדָר א Adar 1 est ajouté avant Adar, et celui-ci devient אֲדָר ב Adar 2, tout comme dans le calendrier babylonien.

Calendrier hébraïque 🌒/☀️

Le calendrier hébraïque est un calendrier lunisolaire : les mois sont lunaires, avec 29 ou 30 jours, et une année en compte douze ou treize, les mois intercalaires étant ajoutés suivant le cycle métonique (sept fois en dix-neuf ans). La durée des mois n’est toutefois pas basée sur l’observation (voir tableau). En Israël, c’est le calendrier officiel, mais il est de plus en plus délaissé au profit du calendrier grégorien. La plus grande influence du calendrier hébraïque (« juif ») est le calendrier babylonien, dont il retient essentiellement les noms des mois (voir tableau). Les jours commencent après le coucher du soleil, quand un minimum de trois étoiles deviennent visibles — des étoiles de deuxième magnitude à compter du dix-septième siècle de l’ère commune ; aujourd’hui, on considère un nouveau jour comme commençant lorsque le centre du disque solaire est 7° sous l’horizon. À strictement parler, les heures correspondent à un-douzième de la période comprise entre le lever et le coucher du soleil (bien qu’en pratique, on utilise souvent les heures égales), ce qui fait que les jours et les heures n’ont pas tous la même longueur selon la période de l’année.

La semaine a sept jours, reflétant les sept jours de la Création du livre de la Genèse. Ils n’ont pas de nom mais sont simplement numérotés : יום ראשון Yom Rishon « premier jour » (dimanche) ; יום שני Yom Sheni « second jour » ;יום שלישי Yom Shlishi « troisième jour » ; יום רביעי Yom Reviʻi « quatrième jour » ; יום חמישי Yom Chamishi « cinquième jour » ; יום שישי Yom Shishi « sixième jour » ; et יום שבת Yom Shabbat « jour de repos » (samedi). Là encore, ces noms reflètent la Genèse : par exemple, on y lit qu’« il y eut un jour, il y eut une nuit ; deuxième jour ».

La durée des mois de cheshvan et de kislev est variable (29 ou 30 jours) pour que רֹאשׁ הַשָּׁנָה Rosh Hashanah (ou Roch Hachana), la journée marquant le début de l’année *, ne se produise pas un dimanche, un mercredi, ou un vendredi, ceci à son tour afin que יוֹם כִּיפּוּר Yom Kippur (ou Yom Kippour), le Jour du Pardon, ne précède ni ne suive un shabbat (samedi), et que la fête de הוֹשַׁעְנָא רַבָּא Hoshana Rabbah (ou Hoshanna Rabba) ne se produise pas un shabbat. De même, le mois intercalaire est ajouté pour s’assurer que la fête de פֶּסַח‎ Pesaḥ (la pâque juive) ait lieu au printemps.

* Mais il existe quatre débuts différents pour l’année : 1 Nisan pour les rois et festivals ; 1 Elul pour la dîme bovine ; 1 Tishrei pour l’agriculture (fruits et légumes) ; et 1 Shevat pour les arbres (le tout, selon la מִשְׁנָה Mishnah ou Mishna). En pratique, toutefois, le 1 Nisan est le début de l’année ecclésiastique et 1 Tishrei est celui de l’année agricole ou civile.

Compte tenu de la longueur variable de certains mois et de la possibilité d’ajout d’un mois intercalaire, l’année du calendrier hébraïque dure 353, 354, 355, 383, 384, ou 385 jours. Les mois de 29 jours sont dits « incomplets » ou « déficients » ; ceux de 30, « pleins ». De même, les années sont פשוטה peshuta « simples » (353–355 jours) ou מעוברת me’uberet « pleines » (383–385 jours) ; et, selon la longueur des mois de cheshvan et de kislev, חסרה chaserah « incomplète » (353 ou 383 jours), רגילה kesidrah « régulière » (354 ou 384 jours), ou שלמה shlemah « complète » (littéralement, « habillée »).

La durée d’un mois lunaire est déterminée comme correspondant à 765433 ÷ 25920 jours (29,530594 j = 29 j 12 h 44 min 03,333… s), une valeur déjà déterminée par le Système B des astronomes babyloniens vers l’an 300 AÈC, et précise à 0,6 seconde (valeur réelle moyenne du mois synodique lunaire de 29,530587981 j, soit 29 j 12 h 44 min 02,8016 s).

Enfin, l’ère du calendrier hébraïque, לבריאת העולם, aussi appelée Anno Mundi (« année de la création du monde »), est fixée au coucher de soleil du 6 octobre 3761 AÈC (−3760) du calendrier proleptique julien, selon les calculs de Jose ben Halafta reflétés dans le סדר עולם רבה Seder Olam Rabba (vers l’an 160 de l’ère commune).

Convertisseur de date du calendrier hébraïque

Date du calendrier grégorien :

Date du calendrier hébraïque :
Jour : Mois : Anno Mundi :

Tableau . Mois du calendrier lunisolaire chinois.
NuméroNom moderneDate grégorienne du début
1正月 zhēngyuè « premier mois »entre le 21 janvier et le 20 février
2二月 èryuè « deuxième mois »entre le 20 février et le 21 mars
3三月 sānyuè « troisième mois »entre le 21 mars et le 20 avril
4四月 sìyuè « quatrième mois »entre le 20 avril et le 21 mai
5五月 wǔyuè « cinquième mois »entre le 21 mai et le 21 juin
6六月 liùyuè « sixième mois »entre le 21 juin et le 23 juillet
7七月 qīyuè « septième mois »entre le 23 juillet et le 23 août
8八月 bāyuè « huitième mois »entre le 23 août et le 23 septembre
9九月 jiǔyuè « neuvième mois »entre le 23 septembre et le 23 octobre
10十月 shíyuè « dixième mois »entre le 23 octobre et le 22 novembre
11子月 zǐyuè; 'rat month' 十一月; shíyīyuè « onzième mois »entre le 22 novembre et le 22 décembre
12腊月 làyuè « mois de la fin de l’année »entre le 22 décembre et le 21 janvier

Calendrier chinois 🌒/☀️

Le calendrier traditionnel chinois est un calendrier principalement lunisolaire, mais avec influence de facteurs planétaires, basé sur l’observation, et dont les jours commencent à minuit de temps local. Les mois synodiques ont 29 ou 30 jours, pour une moyenne de 29 1732 jours. L’année commence le premier jour du printemps, mais celui-ci est défini comme étant la deuxième (parfois troisième) lune après le solstice d’hiver, et dure 353–355 ou 383–385 jours, pour une moyenne de 365 31128 jours.

Ce calendrier existe depuis le quatorzième siècle avant l’ère commune et a subi une cinquantaine de réformes depuis, la dernière datant de l’année 1645 de l’ère commune. L’ère du calendrier chinois est fixée au 15 février 2637 AÈC (−2636). Les années se suivent selon un cycle sexagénaire (60 années par cycle) qui n’ont pas à être numérotés, mais qui le sont pour certains usages historiques, notamment en astronomie ou en chronologie. Le nom d’un cycle est formé en combinant une des dix racines célestes (甲 jiǎ, 乙 yǐ, 丙 bǐng, 丁 dīng, 戊 wù, 己 jǐ, 庚 gēng, 辛 xīn, 壬 rén, et 癸 guǐ ; ces termes n’ont pas de traduction possible) avec une des douze branches terrestres (子 zǐ, 丑 chǒu, 寅 yín, 卯 mǎo, 辰 chén, 巳 sì, 午 wǔ, 未 wèi, 申 shēn, 酉 yǒu, 戌 xū, et 亥 hài ; encore une fois, aucune traduction possible). On a donc par exemple l’année 甲子 jiǎ zǐ, suivie de l’année 乙丑 yǐ chǒu, et ainsi de suite ; quand on arrive à la fin d’une liste, on recommence au début de cette liste, mais pas de l’autre. Cela donne donc 60 combinaisons différentes possibles.

L’année comporte vingt-quatre termes solaires, douze mineurs et douze majeurs en alternance, selon la longitude du Soleil sur l’écliptique. Les mois lunaires débutent au moment de la nouvelle lune à Beijing (Pékin). La principale règle en est que le solstice d’hiver (冬至 Dōngzhì) doit avoir lieu pendant le onzième mois de l’année. Les mois sont numérotés de 1 à 12, et un treizième mois est ajouté (en répétant simplement le numéro du mois doublé) le premier mois qui ne contient pas un terme solaire majeur — autrement dit, le premier mois lunaire qui est entièrement inclus dans un mois solaire, ceux-ci représentant un déplacement de 30° du soleil le long de l’écliptique.

Calendrier attique 🌒/☀️

Parfois appelé à tort calendrier grec (antique), le calendrier attique n’était utilisé qu’à Athènes et dans le voisinage immédiat — en Béotie, non loin de là, l’année ne commençait d’ailleurs pas au même moment, et les mois avaient des noms différents. Toujours est-il qu’il n’est pas unique, puisqu’au moins trois calendriers étaient utilisés simultanément à Athènes, d’importance variable selon les individus : un calendrier festivalier, de douze mois lunaires ; un calendrier administratif, de dix mois arbitraires ; et un calendrier sidéral pour l’agriculture, c’est-à-dire que l’on se fiait à la position des étoiles dans le ciel au moment du coucher ou du lever de soleil.

L’année commençait avec la première observation du nouveau croissant lunaire après le solstice d’été. Elle contenait normalement douze mois lunaires, mais pour empêcher un décalage avec les saisons, on ajoutait parfois un mois — normalement le sixième, mais les mois 1, 2, 6, 7, et 8 ont chacun été utilisés au moins une fois. Le cycle métonique pouvait s’appliquer, surtout après v. 450 AÈC, mais avant cela, il y eut des cycles de trois ans ou de huit ans (ce dernier appelé ὀκταετηρίς oktaetirís, octaëtéride en français — peut-être initié par un Cléostraste de Ténédos v. 450 AÈC). Plusieurs preuves historiques indiquent toutefois que le calendrier était souvent manipulé à des fins militaires, démocratiques, ou même artistiques, de sorte que certains jours pouvaient être doublés, triplés, même quadruplés… Ainsi, il devient très difficile, aujourd’hui, de comprendre ce calendrier, surtout qu’il n’existe aucun document expliquant comment il devait fonctionner — Philocore (Φιλόχορος Philókhoros ; v. 340 – v. 260 AÈC) en aurait écrit un, mais il ne nous est pas parvenu. Même Aristote (Ἀριστοτέλης Aristotélēs ; 384–322 AÈC) disait que les calendriers grecs étaient mal faits, et Aristophane (Ἀριστοφάνης Aristophánês ; v. 445 – v. 380 AÈC) a blâmé le hiéromnemon (prêtre-astronome) pour les problèmes de tenue du calendrier.

Les saisons, au nombre de quatre, divisaient l’année, chacune ayant quatre mois, comme l’indique le tableau.

Tableau . Mois du calendrier attique
Θέρος Théros (été)Φθινόπωρον Phthinópôron (automne)Χεῖμα kheîma (hiver)Ἔαρ (été)
Ἑκατομβαιών Hekatombaiốn (juillet/août)Πυανεψιών Puanepsiốn (octobre/novembre)Γαμηλιών Gamêliốn (janvier/février)Μουνυχιών Mounukhiốn (avril/mai)
Μεταγειτνιών Metageitniốn (août/septembre)Μαιμακτηριών Maimaktêriốn (novembre/décembre)Ἀνθεστηριών Anthestêriốn (février/mars)Θαργηλιών Thargêliốn (mai/juin)
Βοηδρομιών Boêdromiốn (septembre/octobre)Ποσειδεών Poseideốn (décembre/janvier)Ἑλαφηβολιών Helaphêboliốn (mars/avril)Σκιροφοριών Skirophoriốn (juin/juillet)

Le calendrier attique et d’autres calendriers de la Grèce antique seraient des ancêtres plus ou moins directs du calendrier romain.

Tableau . Saisons et mois du calendrier lunaire égyptien.
𓄿𓆷𓐍𓏏 [G1-M8-Aa1-X1 / a-šꜢ-kh-t] Ꜣḫt
« akhet » l’inondation
𓏏𓐍𓏭𓎱
[X1-Aa1-Z4-W3 / t-ḫ-y-hb]
Tḫy (mois de Thoth, dieu du savoir et de l’apprentissage)
𓅝𓏏𓏭𓅆𓎱𓇳
[G26-X1-Z4-G7-W3-N5 / hb-t-y]
Ḏḥwtj / Ḏḥwtyt
𓏠𓈖𓐍𓏏𓋲
[Y5-N35-Aa1-X1-S27 / mn-n-ḫ-t]
Mnht
(l’« habillée » ?)
𓊪𓈖𓇋𓊪𓉐𓏏
[Q3-N35-M17-Q3-O1-X1 / p-n-i-p-pr-t]
Pꜣ-n-jpt
(« celui de Karnak »)
𓂙𓈖𓏏𓊛𓉗𓁷𓂋𓅆
[D33-N35-X1-P1-O6-D2-D21-G7 / ẖn-n-t--ḥut-ḥr-rr]
H̱nt-ḥwt-ḥwr
(procession de l’eau d’Hathor)
𓉗𓏏𓉐𓁷𓂋𓆗
[O6-X1-O1-D2-D21-I12 / ḥut-t-pr-ḥr-r-i'r.t]
Ḥwt-ḥwr
(« manoir de Horus »)
𓅘𓎛𓃀𓂕𓂓𓂓𓂓𓎱
[G21-V28-D58-D30-D28-D28-D28-W3 / nḥ-ḥḥ-bw-kꜣ-kꜣ-kꜣ-hb]
nḥb-kꜣw
(le répartiteur de kas [les âmes])
𓂓𓁷𓏤𓂓
[D28-D2-Z1-D28 / kꜣ-ḥr--kꜣ]
KꜢ-ḥr-KꜢ
(« ka [âme] sur ka »)
𓉐𓂋𓏏𓇳 [O1-D21-X1-N5 / pr-rr-t] prt
« peret » l’émergence des terres
𓈙𓆑𓇣𓏏𓌽𓎱
[N37-I9-M34-X1-U9-W3 / š-f--t--hb]
Šf-Bdt
(gonglement de l’amidonnier [une céréale])
𓏏𓄿𓂝𓃀𓏏𓏯𓎱𓇳
[X1-G1-D36-D58-X1-Z5-W3-N5 / t-ꜣ-ꜥ-b-t--hb]
Tꜣ-ꜥꜣbt
(« l’offrande »)
𓂋𓎡𓎛𓉻𓎱
[D21-V31-V28-O29-W3 / r-k-h-aa-hb]
Rkḥ-ꜥꜣ
(le grand feu)
𓊪𓈖𓅯𓄿𓅖𓐍𓏭𓏭𓉐
[Q3-N35-G41-G1-G20-Aa1-Z4-E23-O1 / p-n-p-Ꜣ-m-x-y-rw-r]
Pꜣ-n-pꜣ-Mḫrw
(« celui de l’encensoir »)
𓂋𓎡𓎛𓅪𓎱
[D21-V31-V28-G37-W3 / r-k-h-nds-hb]
Rkḥ-nḏs
(le petit feu)
𓊪𓈖𓍹𓇋𓏠𓈖𓅆𓊵𓏏𓊪𓍺𓅆
[Q3-N35-(M15-Y5-N35-G7-R4-X1-Q3)G7 / p-n-i-mn-n--htp-t-p]
P-n-imn-ḥtp.w
(« celui d’Amenhotep »)
𓂋𓈖𓈖𓅱𓏏𓏏𓆗
[D21-N35-N35-G43-X1-X1-I12 / r-n-n-w-t-t]
Rnwt
(mois de Rénénoutet, la déesse des moissons)
𓊪𓈖𓂋𓈖𓏌𓏲𓏏𓆇𓆗
[Q3-N35-D21-N35-W24-Z7-X1-H8-I12 / p-n-r-n-nw-w-t]
Pꜣ-n-rnn-wtt
(« celui de Rénénoutet »)
𓈙𓈗𓇳 [N37-N35A-N5 / š-mw] šmw
« chémou » l’eau basse ou la moisson
𓐍𓈖𓇓𓏲𓅆
[Aa1-N35-M23-Z7-G7 / ḫ-n-sw-w]
Ḫnsw (du dieu de la Lune, Khonsou)
𓊪𓈖𓐍𓈖𓇓𓏲𓅆
[Q3-N35-Aa1-N35-M23-Z7-G7 / p-n-kh-n-sw-w]
Pꜣ-n-ḫnsw
(« celui de Khonsou »)
𓏅𓈖𓏏𓄡𓍘𓇋𓇋𓉐𓂋𓏤𓏏𓏭𓅆
[W18-N35-X1-F32-U33-M17-M17-O1-D21-Z1-X1-Z4-G7 / ḫntw-n-t-ḫ-ti-i-i-pr-r--t-y]
Ḫnt-ẖty-prtj
𓊪𓈖𓇋𓆛𓈖𓏏𓈉
[Q3-N35-M17-K1-N35-X1-N25 / p-n-i-in-n-t]
Pꜣ-n-jnt
(celui du wadi [oued ; un cours d’eau saisonnier])
𓇋𓊪𓏏𓍛𓏏
[M17-Q3-X1-U36-X1 / y-p-t-ḥm-t]
Ipt ḥmt
(« [celle qui est] choisie pour l’Incarnation »)
𓇋𓊪𓇋𓊪𓏯𓎱𓇳
Ipi-ipi
(répétition du premier élément de l’ancien nom)
𓄎
[F15 /wpt-rnpt]
Wp-Rnpt
(« ouverture [début] de l’année », du nom d’un festival qui était célébré à la fin de ce mois)
𓄟𓋴𓏲𓏏𓅆𓏪𓂋𓂝𓇳𓅆
[F31-S29-Z7-X1-G7-Z3-D21-D36-N5-G7 / ms-s-w-t--r-ꜥ-ra]
Mswt Rꜥ
(« naissance de Rê/Râ »)
Jours épagomènes/intercalaires
𓆳𓏏𓏤𓏤𓏤𓏤𓏤𓁷𓂋𓅱𓇳 [M4-X1-Z1(×5)-D2-D21-G43-N5 / t-ḥr-r-w-rꜥ] Djw ḥrjw rnpt
(« les cinq [jours] par-dessus [à la fin de] l’année »)
La colonne centrale indique le nom des mois durant le Moyen Empire (v. 2050 à v. 1750 AÈC) ; la seconde, durant le Nouvel Empire (v. 1500 à v. 1000 AÈC). Avant le Moyen Empire, les mois étaient simplement numérotés. Le nom des mois du calendrier copte sont directement dérivés des noms du Nouvel Empire.
Le caractère 𓇳 [N5] est ici un déterminant pour les mots reliés au temps ; il n’a donc pas de valeur phonétique et n’est donc pas prononcé. À d’autres occasions, et selon le contexte, il pouvait aussi représenter rꜥ, le Soleil ; hrw, le jour ; sw, le jour du mois, dans les dates ; ou être un déterminant en lien avec le Soleil.
La disposition des symboles hiéroglyphiques pouvait varier : parfois, deux signes étaient un sous l’autre plutôt qu’un à droite de l’autre.

Calendrier égyptien ☀️/⭐

Le calendrier égyptien a été décrit, par le mathématicien et historien des sciences autrichien américain Otto Neugebauer (1899–1990), comme « le seul calendrier intelligent qui ait existé dans l’histoire humaine » (The Exact Sciences in Antiquity, New York, Dover, 1969, ISBN 0-486-22332-9, p. 81) ou encore comme « un outil idéal » et ayant une « simplicité idéale » dans « The Origin of the Egyptian Calendar » *. Mais Neugebauer détruit presque immédiatement après une idée qui a été véhiculée de nombreuses fois dans le passé, par des publications tant sur papier qu’électroniques, comme quoi le calendrier égyptien dépendait de l’étoile Sirius ou était basé sur elle. En effet, argumente-t-il : « Un an d’observation est suffisant pour convaincre quiconque qu’environ six fois sur douze la lune répète toutes ses phases en seulement 29 jours et jamais en plus de 30 ; et quarante ans d’observation du soleil (p. ex., aux dates des équinoxes) doit rendre évident que les années [lunaires] sont plus courtes de 10 jours ! La conséquence inévitable de ces faits est, il me semble, que chaque théorie de l’origine du calendrier égyptien qui présume une fondation astronomique est condamné à l’échec » (ses italiques). Si l’observation du ciel ne peut expliquer le calendrier égyptien, alors forcément, toute relation de celui-ci avec Sirius, si faible soit-elle, est donc exclue.

Cela ne veut pas dire que les Égyptiens ne gardaient pas un œil sur Sirius, et pour cause : le lever héliaque de cette étoile, la plus brillante du ciel même à cette époque, coïncide assez bien avec la crue annuelle du Nil, le fleuve auquel l’Égypte doit la vie.

* Journal of Near Eastern Studies, Vol. 1, N° 4 (1942) : 396–403.

Regardons maintenant le calendrier égyptien : douze mois de trente jours, avec cinq jours additionnels à la fin de l’année. Point final. Pas d’année bissextile. Pas d’exception. Pas de mois de 29, 30, ou 31 jours. Pas de différence d’un mois à l’autre ou d’une année à l’autre. La simplicité même !

Mais de toute évidence, ce calendrier dérivait par rapport aux saisons — peu prononcées en Égypte, mais la crue du Nil était un bon guide… et l’est encore aujourd’hui, soit dit en passant. On appelle cela un calendrier vague. Si on ne pouvait pas se fier au calendrier pour le suivi des saisons, on devait avoir un autre guide : c’est là qu’entre en scène l’observation de Sirius.

Et la Lune, dans tout ça ? Eh ! bien, il est évident que la répétition des phases de la Lune n’a pas la même fréquence que le lever héliaque de Sirius ou la crue du Nil. Un calendrier lunaire ou même lunisolaire ne servait donc à rien, mais rien ne permet de croire qu’il n’y en avait pas en Égypte, parce que des traces archéologiques subsistent de festivals liés à la Lune, de l’importance de l’« œil de la Lune » ou de son caractère magique, etc.

On se doit de conclure que l’Égypte antique avait trois calendriers : un calendrier administratif de douze mois de trente jours, plus cinq jours additionnels à la fin ; un calendrier lunaire pour les festivals ; et un calendrier sidéral pour prédire la crue du Nil.

Le calendrier lunaire comprenait trois saisons, chacune à son tour divisée en quatre mois, comme l’indique le tableau ci-contre. Puisque le calendrier administratif dérivait avec les saisons, il va sans dire que ces noms ne pouvaient en faire partie, mais cela fut parfois fait. Il n’y avait toutefois de corrélation entre le calendrier administratif et le calendrier lunaire que pendant quelques années dans un long cycle de quelque 1 461 années égyptiennes. Neugebauer se sert de cette périodicité pour établir que le calendrier administratif égyptien a dû être établi vers les années 2800 AÈC, soit du temps du pharaon Djoser (premier roi de la troisième dynastie) selon lui, ou de celui de Nebrê (deuxième roi de la deuxième dynastie) selon les chronologies plus récentes de l’ancienne Égypte.

Les vingt-neuf ou trente jours du mois lunaire étaient aussi nommés :

  1. 𓇸𓅂𓎱 Psḏ(n)tyw;
  2. 𓁶𓇹𓇼 (Tp) Ꜣbd «le début du mois»;
  3. 𓄟𓊪𓂋𓏏𓋴𓅓𓎱 Mspr «l’arrivée»;
  4. 𓉐𓂋𓏏𓋴𓅓𓎱 Prt Sm «le départ du Sm [prêtre]»;
  5. 𓐍𓏏𓁷𓏤𓊰𓎱 I͗ḫt Ḥr Ḫꜣwt «les offrandes sur l’autel»;
  6. 𓋴𓌢𓈖𓏏𓏥𓎱 Snt «le sixième»;
  7. 𓂧𓈖𓇋𓏏𓎱 Dnı͗t «partiel», premier quartier de lune;
  8. 𓁶𓂂𓎱 Tp;
  9. 𓄒𓊪𓎱 Kꜣp;
  10. 𓋴𓇋𓆑𓂸𓎱 Sı͗f;
  11. 𓄝𓇶𓏥𓎱 Stt;
  12. 𓈐𓂺𓈐𓂺𓎱 «partiel» second quartier (?);
  13. 𓂂𓂂𓌳𓁄𓎱 Mꜣꜣ Sṯy;
  14. 𓋷𓄿𓏲𓎱 Sı͗ꜣw;
  15. 𓁶𓇻 (Tp) Smdt, pleine lune;
  16. 𓄟𓊪𓂋𓏤𓏤𓏌𓎱 Mspr Sn Nw «la seconde arrivée» ou Ḥbs Tp «couvrir la tête»;
  17. 𓋷𓄿𓏲𓎱 Sı͗ꜣw jour du deuxième quartier (?);
  18. 𓇋𓎛𓇺𓎱 I͗ꜥḥ;
  19. 𓄔𓌃𓌃𓌃𓆑𓎱 Sḏm Mdwf;
  20. 𓍉𓊪𓎱 Stp;
  21. 𓐢𓂋𓅱𓎱 Ꜥprw;
  22. 𓄖𓇮𓏏𓎱 Pḥ Spdt;
  23. 𓂧𓈖𓇋𓏏𓎱 Dnı͗t «partiel», troisième quartier (?);
  24. 𓎡𓈖𓎛𓅱𓇰𓎱 Knḥw;
  25. 𓄝𓇶𓏥𓎱 Stt;
  26. 𓉐𓂋𓏏𓎱 Prt «le départ»;
  27. 𓅱𓈙𓃀𓎱 Wšb;
  28. 𓉳𓏌𓏏𓇯𓎱 Ḥb Sd Nwt «le jubilé de Nout»; et
  29. 𓊢𓀸𓎱 Ꜥḥꜥ; plus
  30. 𓉐𓂋𓏏𓂻𓊃𓊾𓏏𓏭𓎱 Prt Mn «le départ de Min [dieu de la fertilité et de la reproduction].

On notera que les citoyens de l’ancienne Égypte ne possédaient pas de calendrier affiché au mur, comme nous en avons aujourd’hui — et cela est valide pour presque tous les calendriers mentionnés dans la présente page. Les prêtres-astronomes étaient essentiellement les seuls à savoir quelle était la date courante du calendrier administratif/civil ; quant au calendrier lunaire, un simple coup d’œil vers notre satellite naturel suffisait à donner une idée de la date dans celui-ci, à défaut d’une date précise.

Le calendrier égyptien antique fut utilisé du vingt-cinquième siècle avant l’ère commune au premier siècle de l’ère commune en Égypte, mais les astronomes l’utilisèrent encore jusqu’à la Renaissance, parce qu’il permettait de simplifier les calculs. L’un des derniers usages connus fut par Copernic dans De Revolutionibus ; James Evans, dans The History and Practice of Ancient Astronomy (New York / Oxford, Oxford University Press, 1998, ISBN 978-0-19-509539-5) lui consacre près de cinq pages, et il en est fait mention régulièrement par la suite.

L’ère du calendrier administratif égyptien a été fixée par Ptolémée (l’astronome, pas le pharaon) au début du règne du roi babylonien Nabonassar, soit (selon lui) le 26 février 747 AÈC (−746) du calendrier proleptique julien (6 mars −746 du calendrier proleptique grégorien). À son avis, les premières observations astronomiques fiables dataient de cette époque.

Convertisseur de date du calendrier égyptien

Date du calendrier grégorien :

Date du calendrier égyptien :

Calendrier copte ☀️

Le calendrier copte résulte d’une modification du calendrier égyptien et consistant en l’ajout d’un sixième jour épagomène (intercalaire) à tous les quatre ans, pour le garder en phase avec les saisons. La première tentative de modification résulte du Décret de Canope, « édicté par l’assemblée des prêtres égyptiens […] en l’an 9 du règne du pharaon Ptolémée III Évergète », selon Wikipédia. Le décret fut écrit le 17 Tybi [TꜢ-ꜥb] de cette année-là, soit le 7 mars 239 AÈC (−238) du calendrier grégorien. Cela visait à éviter la dérive du calendrier d’avec les saisons, mais d’autres prêtres protestèrent, et la réforme ne fut pas adoptée. Une fois l’Égypte sous domination romaine (Ptolémée III était d’origine grecque macédonienne, tout comme sa descendante Cléopâtre VII, la dernière de la dynastie), l’empereur Auguste imposa le Décret, d’où le nom occasionnel de calendrier alexandrin.

L’usage de ce calendrier égyptien réformé fut perpétué par les l’Église orthodoxe copte (chrétienne). Puisque ceux-ci ont subi des persécutions sous l’empereur Dioclétien, l’ère de leur calendrier est celle de son accession au pouvoir et est souvent appelée Anno Martyrum, « année des Martyrs » : elle correspond au 29 août 284 du calendrier julien ou du calendrier grégorien.

Les noms des mois du calendrier copte sont directement dérivés de ceux du calendrier égyptien, tels qu’adaptés lors de la période hellénistique du pays (domination grecque/macédonienne). Ils sont indiqués dans le tableau ci-contre.

Tableau . Mois du calendrier copte.
Nom grecTranscriptionNom copte bohaïriqueNom copte sahidiqueTranscriptionNom arabe et prononciationDates grégoriennes (1900–2099)
ΘωθThōthⲐⲱⲟⲩⲧⲐⲟⲟⲩⲧThoutتوت Tūt11 septembre au 10 octobre
ΦαωφίPhaōphíⲠⲁⲟⲡⲓⲠⲁⲱⲡⲉPaopiبابه Bābah11 octobre au 9 novembre
ἈθύρAthúrⲀⲑⲱⲣϨⲁⲑⲱⲣHathorهاتور Hātūr10 novembre au 9 décembre
ΧοιάκKhoiákⲬⲟⲓⲁⲕⲔⲟⲓⲁϩⲕKoiak كياك Kiyāk10 décembre au 8 janvier
ΤυβίTubíⲦⲱⲃⲓⲦⲱⲃⲉTobiطوبه Ṭūbah9 janvier au 7 février
ΜεχίρMekhírⲘⲉϣⲓⲣⲘϣⲓⲣMeshirأمشير ʾAmshīr8 février au 9 mars
ΦαμενώθPhamenṓthⲠⲁⲣⲉⲙϩⲁⲧⲠⲁⲣⲙϩⲟⲧⲡParemhatبرمهات Baramhāt10 mars au 8 avril
ΦαρμουθίPharmouthíⲪⲁⲣⲙⲟⲩⲑⲓⲠⲁⲣⲙⲟⲩⲧⲉParmoutiبرموده Baramūdah9 avril au 8 mai
ΠαχώνPakhṓnⲠⲁϣⲟⲛⲥⲠⲁϣⲟⲛⲥPashonsبشنس Bashans9 mai au 7 juin
ΠαϋνίPaüníⲠⲁⲱⲛⲓⲠⲁⲱⲛⲉPaoniبؤنة Baʾūnah8 juin au 7 juillet
ἘπιφίEpiphíⲈⲡⲓⲡⲈⲡⲏⲡEpipأبيب ʾAbīb8 juillet au 6 août
ΜεσορήMesorḗⲘⲉⲥⲱⲣⲓⲘⲉⲥⲱⲣⲏMesoriمسرى Misrā7 août au 5 septembre
ἐπαγόμεναιepagómenaiⲠⲓⲕⲟⲩϫⲓ ⲛ̀ⲁ̀ⲃⲟⲧⲈⲡⲁⲅⲟⲙⲉⲛⲁⲓ[5]Pi Kogi Enavotنسيئ Nasīʾ6 au 10 septembre
L’année copte bissextile est celle précédant l’année grégorienne bissextile ; par exemple, l’an 2020 grégorien (1736–1737 copte) était bissextile, mais c’est en septembre 2019 que le sixième jour épagomène fut ajouté (le 11 septembre 2019 étant le 6 pi kogi enavot 1735). Ainsi, les dates du 12 septembre 2019 au 29 février 2020 sont-elles une journée plus tard dans le calendrier copte que leurs équivalents des années passées comme 2018–2019.

Selon Planetcalc.com, les jours de la semaine sont pesnau (lundi), pshoment, peftoou, ptiou, psoou, psabbaton, et tkyriake (dimanche).

Convertisseur de date du calendrier copte

Date du calendrier grégorien :

Date du calendrier copte :

Calendrier romain ☀️

Le calendrier romain dérive probablement du calendrier attique ou d’un autre calendrier grec. Son origine demeure légendaire et donc difficile à détailler, mais il semble être d’abord lunaire ou lunisolaire, pour ensuite devenir solaire. On suit d’abord un cycle dit des nundines (tout comme les Étrusques voisins, donc peut-être empruntées d’eux), périodes de huit jours mais considérés comme neuf jours par les Romains, qui comptaient inclusivement — par exemple, aujourd’hui, demain, et après-demain sont trois jours, donc après-demain est le troisième jour à partir d’aujourd’hui. De plus, on ne comptait pas les jours écoulés mais plutôt les jours restants avant un évènement — habituellement, avant l’un des trois principaux jours d’un mois. Ces jours principaux sont les kǎlendāī (« calendes » en français *), marquant le début de chaque mois ; les nonae (« nones »), qui sont le septième jour des mois pleins (cinquième jour des mois creux), et ayant lieu huit jours (« neuf » pour le Romains, en les incluant elles-mêmes) avant les ides ; et les īdus (« ides »), le quinzième  jour des mois pleins et le treizième  jour des mois creux, un jour avant le milieu de chaque mois.

* À l’origine de l’expression « reporter aux calendes grecques » au sens d’annuler, les Grecs n’ayant pas de calendes.
 Comptés en les incluant eux-mêmes.

Éventuellement, le calendrier devient solaire, avec dix mois de 31 ou 30 jours, en alternance sauf pour les deux derniers, de 30 jours chacun, pour un total de 304 jours — 38 nundines. Ce calendrier est empreint de légende : Licinus Macer écrivait supposément, dans son histoire perdue depuis, qu’il existait un système d’intercalation ; d’autres sources parlent plutôt d’un « hiver désorganisé » de 50 jours pour donner en tout 354 ou 355 jours comme le calendrier lunaire ; Macrobius enfin raconte que les mois ont dérivé par rapport aux saisons, puis que des jours ont été ajoutés (presque au hasard ?) aux mois jusqu’à ce que l’ordre soit rétabli. Romulus, fondateur légendaire de Rome avec son frère jumeau Remus, serait à l’origine de ce calendrier, mais des calendriers semblables étaient utilisés par les civilisations voisines à l’époque de la fondation de Rome, alors encore une fois, l’origine est floue.

Tableau . Mois du calendrier de la République romaine.
MoisJours
Ianuarius29
Februarius28
(Mercedonius)(23)
Martius31
Aprilis29
Maius31
Iunius29
Quintilis31
Sextilis29
September29
October31
November29
December29
Total355 (378)

L’année commence vers l’équinoxe de printemps, avec le mois de Martius, ainsi nommé en l’honneur du dieu de la guerre, Mars. Cette tradition se poursuivra au moins jusqu’en 153 AÈC. Ce mois a 31 jours et est suivi d’Aprilis (mois d’Apru, l’antique équivalent romain d’Aphrodite), avec 30 jours ; Maius (pour Maia, une des Pléiades), avec 31 jours ; Iunius (pour Junon, reine des dieux et protectrice du mariage), avec 30 jours ; Quintilis (« cinquième »), avec 31 jours ; Sextilis (« sixième »), avec 30 jours ; September (« septième »), avec 30 jours ; October (« huitième »), avec 31 jours ; November (« neuvième »), avec 30 jours, et December* (« dixième »), avec 30 jours.

* À noter que la lettre « C » se prononce, en latin antique, comme « K » ou parfois comme « G » (d’où la prononciation « illogique » du mot français second). Ce n’est qu’au Moyen Âge qu’elle prendra le son « TS » ou « TCH », qui demeure notamment en roumain et en italien. La lettre « J » n’a été inventée qu’au seixième siècle, d’où l’orthographe de Ianuarius et Iunius.

Toujours est-il qu’après l’établissement de la République romaine en 509 AÈC, on passe bientôt à un calendrier de douze mois de 29 ou 31 jours (sauf un de 28 jours), plus un mois intercalaire de 23 jours occasionnel pour maintenir le synchronisme avec les saisons. Là encore, les sources ne s’entendent pas : aux trois ans, aux quatre ans, ou suivant un cycle de 19 ans… mais qui précèderait non seulement Meton, mais aussi les Babyloniens qui l’ont mis au point. Certains historiens modernes ou antiques disent même que c’est nul autre que Numa Pompilius qui aurait établi ce calendrier, entre 715 et 673 AÈC. Toutes les sources s’entendent toutefois pour dire que l’hiver est maintenant structuré en deux mois : Ianuarius (célébrant Janus, dieu à deux visages « des commencements et des fins, des choix, du passage et des portes » selon Wikipédia) a 29 jours et Februarius (du festival de Februa, « les purges », ainsi que d’un instrument du même nom constitué de bandes de peau [présumément animale]) en a 28. Le mois d’intercalation existe encore : c’est Mercedonius (mois des salaires), il a 23 jours selon certaines sources (d’autres disent 22 ; d’autres encore, 27), et il est ajouté tous les deux ans… dans le mois de Februarius, après les Terminalia (des fêtes données en l’honneur du dieu des bornes [de distance] Terminus ; ces fêtes étant célébrées à la fin de l’année, c’est l’origine du mot français terminer et de ses cousins étymologiques), qui ont lieu après le vingt-troisième jour de février (ante diem VII Kalendae Martii ; avant le septième* jour des calendes de mars). Après Mercedonius, les cinq jours restants du mois de Februarius défilaient, puis le mois de Martius commençait. Le tableau ci-contre indique le nombre de jours de chaque mois du calendrier de la République romaine.

* En comptant toujours « à la romaine », c’est-à-dire en incluant le 23e jour de Februarius lui-même.

Une première série de réformes survient en 304 AÈC, à l’initiative de Gnaeus Flavius ; la nature de ces réformes s’est toutefois perdue dans la nuit des temps, mais il semble qu’une d’entre elles était la publication du calendrier un mois à l’avance — au grand dam des prêtres-astronomes, mais favorisant le commerce ; comme quoi l’argent menait le monde, même à l’époque…

Macrobius décrit le calendrier romain idéal précédant la réforme de Jules César (voir Calendrier julien ci-dessous) comme ayant des années de 355 et de 377 ou 378 jours en alternance, pour une moyenne de 366¼ jours. Puisque cela dérivait lentement des saisons, il y avait une période de huit ans, elle-même enchassée dans une plus longue de 24 ans, pendant laquelle il n’y avait que trois années pleines de 377 jours (donc 11 années pleines sur 24), avec une durée moyenne de 365¼ jours. Toutefois, les pontifices maximi (« grands prêtres »), proches du pouvoir politique quand ils n’en faisaient pas partie eux-mêmes, faisaient comme bon leur semblait — Un ami est au pouvoir ? On prolonge son règle, donc l’année… Un ennemi est au pouvoir ? L’année se termine plus tôt ! — de sorte qu’en pratique, l’année dérive effectivement par rapport aux saisons. De plus, la République s’agrandit beaucoup — des simples environs de Rome en 500 AÈC à toute la péninsule italienne vers 200 AÈC, puis à une bonne partie du sud-ouest de l’Europe, de la Turquie moderne, et même du littoral méditerranéen de l’Afrique vers 50 AÈC ; la superficie passa de 10 000 km² en 326 AÈC à 1 950 000 km² en 50 AÈC — et il devenait difficile pour un citoyen des régions éloignées de connaître la date. Les dernières années avant la réforme de Jules César furent même appelées « années de confusion » en ce qui a trait au calendrier ; pendant le pontificat de Jules, de 63 à 46 AÈC, il aurait dû y avoir huit mois intercalaires, mais il n’y en eut que cinq, et aucun pendant les cinq dernières années romaines. Suite à sa campagne en Égypte, où il apprit au sujet du calendrier égyptien, César revint en Europe où il fit venir les meilleurs mathématiciens et philosophes de l’époque, parmi lesquels Sosigène d’Alexandrie (Σωσιγένης ὁ Ἀλεξανδρεύς), souvent considéré comme le principal architecte du nouveau calendrier.

L’an 46 AÈC est considéré comme la « dernière année de confusion » avant la réforme, bien que sa durée ait été modifiée par celle-ci.

Les années sont numérotées selon les deux consuls* en poste cette année-là, dans la construction de phrase ablative absolue ; par exemple, M. Messalla et M. Pupio Pisone consulibus, « Marcus Messalla et Marcus Pupio Pisone étant les consuls », pour l’an 61 AÈC. Une autre façon, moins courante, est de noter les années depuis la fondation de Rome, avec l’expression latine ab urbe condita ou anno urbis conditae : ainsi, César propose sa réforme en 708 AUC (46 AÈC). Il faut toutefois user de prudence, parce que l’AUC commençait avec les Parilia, soit le 21 avril.

* Les deux plus hauts dirigeants de la République romaine. Le poste subsiste après l’établissement de l’Empire romain en 27 AÈC (727 AUC), mais leurs pouvoirs sont grandement réduits, l’empereur exerçant, tant de jure que de facto, le pouvoir. Le titre est parfois écrit COSOL et pouvait se prononcer de deux façons : [kõːsul] consoul et [ko:sul] kosoul.

Reconstitution de l’apparence réelle de Jules César par le Musée National des Antiquités (Rijksmuseum van Oudheden), Leyde (Pays-Bas).
Reconstitution de l’apparence réelle de Jules César par le Musée National des Antiquités (Rijksmuseum van Oudheden), Leyde (Pays-Bas).

Calendrier julien ☀️

De retour de sa campagne d’Afrique en Quintilis 46 AÈC, Jules César impose bientôt la réforme du calendrier qui porte son nom. L’année 46 AÈC (708 AUC), déjà prévue pour être une année pleine (donc possédant un mois de Mercedonius) de 378 jours, est étirée de 67 jours additionnels par deux mois intercalés entre November et December. Cela fait en sorte que du 1er mars qui marquait son début au 1er janvier qui marque désormais le début de l’année, il s’écoule 365 jours. Soixante-sept est aussi le total de jours qu’auraient eu les trois mois intercalaires (23 + 22 + 23) des dernières années s’ils avaient eu lieu. Outre le changement de date du début de l’année, César ordonne aussi l’ajout de deux jours chacun à Ianuarius, Sextilis, et December, qui en comptent conséquemment 31 chacun ; et d’un jour chacun à Aprilis, Iunius, September, et November, pour un total de 30 jours chacun *.

* Johannes de Sacrobosco (John of Holywood ou Jean de Halifax ; né vers la fin du douzième siècle et décédé en 1244 ou 1256) avance des nombres de jours différents pour les mois, mais ses travaux ont été infirmés par des découvertes archéologiques plus récentes.

Tableau . Nombre de jours de chaque mois dans le calendrier de la République romaine (g.) et celui de la réforme julienne (d.).
Nom latinDurée avant 45 AÈCDurée après 45 AÈCNom français
Ianuarius2931Janvier
Februarius28, 23, ou 24*28 (années bissextiles : 29)Février
Martius3131Mars
Aprilis2930Avril
Maius3131Mai
Iunius2930Juin
Quintilis (Iulius)3131Juillet
Sextilis (Augustus)2931Août
September2930Septembre
October3131Octobre
November2930Novembre
December2931Décembre
* Le mois de Februarius compte 28 jours les années communes. Les années pleines, ce sont 23 jours si la durée d’Intercalaris est variable, mais 23 ou 24 jours si celle-ci est fixe.

Bien que la position des calendes, des nones, et des ides dans le mois ne change pas avec la réforme, le changement de nombre de jours de certains mois fait en sorte que le décompte des jours vers ces trois dates change : par exemple, notre 14 janvier, auparavant « ante dies XVII Kalendae Februarii », devient « a.d. XIX Kal. Febr. », et notre 14 août, de « a.d. XVII Kalendae Septembrii », devient « a.d. XVIII Kal. Sept. ».

Enfin, le grand changement fut l’abolition du mois de Mercedonius, dès lors remplacé au même point qu’il se trouvait auparavant dans le mois de Februarius, par une journée intercalaire à tous les quatre ans, donnant donc 29 jours à Februarius à ces occasions. Sur ce point encore, les sources divergent, mais il semble que le concept original fut celui d’un « jour double » de 48 heures, éventuellement abandonné pour former deux jours distincts. Peu importe ; toujours est-il que ce jour était appelé ante diem bis sextum Kalendas Martias (« le deuxième sixième jour double avant les calendes de mars » — le terme fut éventuellement condensé à bis sextum, d’où le mot français bissextile *.

* Cela signifie donc que le jour bissextile  n’est pas le 29 février, mais bien le 23 ou le 24 (suivant que l’expression « posterior », utilisée par le juriste Celsus au deuxième siècle de l’ère commune, veut dire « avant » ou « suivant »).

Cette journée additionnelle devait être ajoutée tous les quatre ans (donc trois années simples puis une année bissextile), mais les Romains comprirent mal et continuèrent de compter « à la romaine » pendant plus d’une trentaine d’années (l’assassinat de Jules César en 44 AÈC ne fit rien pour aider !)*, et on dut attendre qu’Auguste, maintenant empereur de Rome plutôt que simple consul (bien qu’il le fut aussi, à onze reprises avant et à deux reprises par la suite), annonce une réforme en 8 AÈC. Puisqu’il y avait eu trop d’années bissextiles pendant ce temps, la première année suivante à être bissextile dut non pas 4 AÈC, mais bien 4 ÈC, puis le tout redevint dans l’ordre.

* …et encore une fois, il existe de la confusion quant à savoir quelles années au juste furent bissextiles entre 45 AÈC et 8 AÈC. Le modèle le plus récent, basé sur des sources archéologiques et historiques, est celui de Christ Bennett tel que détaillé dans son article « The Early Augustan Calendars in Rome and Egypt », paru dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik Bd. 142 (2003), p. 221–240. Selon Bennett, les années 44, 41, 38, 35, 32, 29, 26, 23, 20, 17, 14, 11, et 8 AÈC furent bissextiles, soit une fois tous les trois ans.

On voit dans le tableau précédent que les mois de Quintilis (renommé Iulius en l’honneur de Jules César en 44 AÈC, peu après la mort de ce dernier) et de Sextilis (renommé Augustus, en l’honneur de l’empereur, par décret sénatorial en 8 AÈC) comptaient 31 jours après la réforme de Jules César, invalidant l’histoire voulant qu’Auguste ait demandé une prolongation de « son » mois, mais ceci est une fausse histoire créée de toutes pièces de Johannes de Sacrobosco au treizième siècle.

Jules César lui-même n’a pas demandé de changement à la façon dont étaient comptées les années, mais après lui, on commença bientôt à noter les années par le règle de l’empereur (p. ex. l’an 173 ÈC était la 13e année du règne de Marc Aurèle — bien que certaines pièces de monnaient indiquent plutôt l’an 27 de son règne, mais il s’agit là de son consulat), de même que par sa position dans le cycle d’indiction (taxation) de quinze ans. Justinien demanda toutefois, en 537, que l’année de règne de l’empereur fasse d’office partie de la date, tout comme le nom du consul ; cette pratique fut officiellement abolie par l’empereur Léon VI le Sage (Λέων [ΣΤʹ] ό Σοφός Leōn ho Sophos ; 19 septembre 866 – 11 mai 912) en l’an 888.

Au quatrième siècle de l’ère commune pour l’Église d’Alexandrie et au cinquième pour l’Église copte orthodoxe d’Alexandrie, ces deux groupes commencèrent à noter les années suivant le règne de Dioclétien, qui avait martyrisé de nombreux chrétiens. Cette ère est appelée ère des Martyrs ou ère de Dioclétien mais ne fut jamais utilisée par les chrétiens d’occident, qui la connaissent toutefois. En l’an 525 ÈC, Denys le Petit (latin Dionysius Exiguus ; « petit » doit ici être pris au sens de « humble »), s’inspirant de l’ère des Martyrs, proposa de noter les années depuis la naissance de Jésus Christ, qu’il avait calculée comme ayant eu lieu 525 ans plus tôt — peut-être artificiellement, de sorte que le cycle des années bissextiles coïncide avec les années divisibles par quatre à compter de 532. Denis fut aussi impliqué dans le calcul de la dâte de Pâques (basée sur la pleine lune suivant l’équinoxe œcuménique de printemps) ; c’est toutefois une coïncidence que le cycle victorien (ainsi nommé d’après Victorius d’Aquitaine qui, vers la même époque, publie une table des dates de Pâques) fasse se répéter les dates de Pâques selon un cycle de… 532 ans.

Bien que les astronomes aient su depuis au moins un siècle avant la réforme julienne que l’année tropique (des saisons) dure un peu moins de 365¼ jours, aucun effort ne fut fait pour ajuster la durée moyenne de l’année à la vraie valeur. Cela a pour conséquence une lente dérive des jours du calendrier julien par rapport aux saisons — environ trois jours par quatre siècles. Déjà dans les années 700, Bède le Vénérable mentionnait une erreur accumulée de plus de trois jours ; vers 1200, Roger Bacon estimait l’erreur à six ou sept jours ; et Dante, vers 1300, reconnaissait le besoin d’une réforme. Celle-ci fut d’abord entreprise sous l’égide du pape Sixte IV en 1475 ; il invita l’astronome allemand Johannes Müller von Königsberg, mieux connu sous le nom de Regiomontanus, au Vatican pour calculer un nouveau calendrier, mais Regiomontanus décéda peu après son arrivée à Rome. Ce n’est que plus de 100 ans plus tard que le pape Grégoire XIII édicta une nouvelle réforme, d’où le nom de calendrier grégorien.

L’encadré suivant permet de convertir une date julienne en date grégorienne, et vice versa. Bien que les dates grégoriennes n’existent pas avant l’an 1582, le convertisseur permet d’entrer des dates antérieures à celles-ci ; on dit de ces dates qu’elles sont proleptiques. Le convertisseur n’accepte toutefois pas les dates avant le 1er janvier 1000 d’aucun des deux calendriers.

Convertisseur de date du calendrier julien

Date du calendrier grégorien :

Date du calendrier julien :

Calendrier grégorien ☀️

Tel qu’expliqué dans la section sur le calendrier julien, le calendrier grégorien résulte de la dérive du premier par rapport aux saisons, à raison d’environ trois jours par quatre siècles. Cela fit en sorte qu’en 1582, le décalage était de dix jours, et l’Église catholique a décidé d’agir. Une équipe d’astronomes et de mathématiciens a été convoquée par le pape Grégoire XIII, parmi lesquels l’astronome allemand Christopher Clavius (1538–1612) ; l’équipe se basa notamment sur les travaux d’Aloysius Lilius (v. 1510–1576) pour le calcul de la date de Pâques et les moyens de corriger le décalage entre les saisons et le calendrier. Lilius suggérait de ne pas observer d’année bissextile pendant quarante ans (10 années bissextiles « sautées ») ; c’est toutefois l’idée de Clavius qui fut retenue, soit d’éliminer dix jours du calendrier.

La question de la durée de l’année tropique * demeura au cœur de la discussion, puisque les sources consultées par l’équipe ne s’entendaient pas sur celle-ci. À l’époque, les sources consultées utilisaient la notation babylonienne : les valeurs étaient de 6,5;14,33,9,57 pour les Tables alphonsines (collaboration, milieu du treizième siècle), 6,5;14,33,11,12 dans De Revolutionibus (Nicolas Copernic, 1543), et 6,5;14,33,9,24 dans les Tables pruténiques (Erasmus Reinhold, 1551) . La valeur retenue fut 6,5;14,33, correspondant aux deux fractions sexagésimales communes à chaque valeur, soit 365,2425 en notation décimale moderne.

* L’année tropique est la durée entre deux équinoxes de mars consécutifs. Voir plus d’explications sur la page de l’année.
 Ce qui équivaut respectivement à 365,2425460648148, 365,24255185185183, et 365,2425435185185 en notation moderne.

Au final, la réforme grégorienne n’introduit pas beaucoup de changement dans le calendrier. Celui-ci maintient en effet l’ordre, le nom, et la durée respective de chaque mois, et l’observance d’une année bissextile tous les quatre ans. Sauf que les années divisibles par 100 ne sont bissextiles que lorsqu’elles sont aussi divisibles par 400. Ainsi, les années 1700, 1800, et 1900 n’étaient pas bissextiles, mais 1600 et 2000 l’étaient. Le lendemain du jeudi 4 octobre 1582 devient le vendredi 15 octobre 1582. La bulle pontificale Inter gravissimas, datée du 24 février 1582 et qui crée le calendrier grégorien, ne fixe pas la date du début de l’année, ni les canons qui y sont attachés (contrairement à ce que dit l’article en français de Wikipédia sur le calendrier grégorien), mais deux listes de jours de célébration des saints qu’ils contiennent se termine le 31 décembre ou commence le 1er janvier, ce qui endosse implicitement cette journée comme marquant le début de l’année. La plupart des pays, toutefois, observent déjà cela.

Le calendrier grégorien n’a pas été immédiatement accepté par tous les états ; d’aucuns y voyaient une manigance des catholiques, sans compter les pays où le christianisme n’était pas la religion officielle. Aujourd’hui, quelques pays suivent encore un autre calendrier, que ce soit en exclusivité ou en parallèle avec le calendrier grégorien, et quelques communautés religieuses aussi utilisent un calendrier différent. Le tableau ci-contre indique la date d’adoption du calendrier grégorien ainsi que du 1er janvier comme début de l’année dans quelques pays.

Tableau . Adoption du calendrier grégorien et du 1er janvier comme début de l’année.

Une barre oblique indique le passage d’une journée à l’autre ; p. ex. 4/15 octobre signifie que le 4 octobre fut suivi du 15 octobre.

Pays1er janvierCal. grég.
DanemarkGraduel du 13e au 16e siècles18 février / 1er mars 1700, calcul de Pâques 1774
États catholiques du Saint-Empire romain15441583
Espagne et Nouvelle-Espagne (Louisiane, Mexique), Pologne , Portugal15564/15 octobre 1582
États protestants du Saint-Empire romain15591700
Suède15591753
France et Nouvelle-France15649/20 décembre 1582 (mais calendrier républicain de 1793 à 1805)
Brabant, Zélande, États-généraux25 décembre 1582
Pays-Bas méridionaux (Belgique moderne)15761er janvier 1583
Province de Hollande12 janvier 1583
Gelderland12 juillet 1700
Overijssel, Utrecht12 décembre 1700
Friesland, Groningen12 janvier 1701
Drenthe12 mai 1701
Lorraine15791582, retour au calendrier julien en 1735, retour au grégorien en 1760
République des Sept-Provinces-Unies des Pays-Bas15834/15 octobre 1582
Écosse16001752
Russie170031 janvier / 14 février 1918 
Toscagne17504/15 octobre 1582
Grande-Bretagne et Empire britannique (inclaunt les États-Unis), sauf l’Écosse17522/14 septembre 1752
Alaska6/18 octobre 1867 (après son acquisition par les États-Unis)
République de Venise17974/15 octobre 1582
Italie, Luxembourg1585
Royaume de Bohème1584
Duché de Prusse (sauf Hohenzollern)22 août / 2 septembre 1610
Alsace1648
Strasbourg1682
Suisse (sept cantons catholiques)janvier 1684
Suisse (Genève, cantons protestants)1er janvier 1701
Suisse (commune de Schiers et de Grüsch1812
Norvège1700
Finlande1753
Japon明治5年12月2日 Second jour du douzième mois de la cinquième année du règne de l’empereur Meiji / 明治6年1月1日 Premier jour du premier mois de la sixième année du règne de l’empereur Meiji (1er janvier 1873)
Égypte1875
Corée1er janvier 1895 *
Chine , Albanie1912
Lettonie, Lituanie1915
Bulgarie31 mars / 14 avril 1916
Estonie1918
Roumanie31 mars / 14 avril 1919
Yougoslavie 1919
Grèce15 février / 1er mars 1923
Turquie1er janvier 1926 
Arabie saoudite2016 
Acadie
* La Corée est passée du 16e jour du 11e mois du calendrier lunaire au 1er janvier 1896. La Corée du Nord utilise depuis le 9 septembre 1997 le calendrier du juche, correspondant au calendrier grégorien mais comptant les années depuis 1912, date de naissance de 김일성 Kim Il Sung, fondateur du pays.
 Kosovo, Macédoine du Nord, Monténégro, et Serbie modernes ; la Slovénie faisait partie de l’Autriche en 1583, la Croatie était en partie dans la République de Venise en 1582 et en partie dans l’Empire hongrois en 1587. Quant à la Bosnie-Herzégovine, sa population catholique utilisait le calendrier grégorien depuis le début, mais elle l’adopta officiellement alors qu’elle était sous occupation de l’Empire austro-hongrois en 1878.
 L’Arabie saoudite a adopté l’exclusivité du calendrier grégorien en 2016, mais plusieurs employeurs du secteur privé de ce pays l’avaient déjà adopté depuis quelques années.
 Le Commonwealth de Pologne–Lituanie fut scindé en 1795, et la Lituanie retourna ainsi au calendrier julien en 1800, en rejoignant le giron russe ; ce n’est qu’en 1918 qu’elle recouvra son indépendance et qu’elle passa à nouveau au calendrier grégorien. La seniūnija d’Aleksotas passa toutefois à la Prusse de 1795 à 1807, quand Napoléon l’incorpora au Duché de Varsovie, puis au Royaume de Pologne en 1815, et enfin à l’Empire russe en 1864 ; elle put toutefois alors maintenir l’usage du calendrier grégorien — ce qui donna lieu à une blague disant que son pont était le plus long du monde, prenant douze jours à traverser (la différence entre les calendriers utilisés de part et d’autre de celui-ci).
 L’Acadie est un cas particulier. Fondée par la France en 1604, elle utilisait alors le calendrier grégorien, comme la mère-patrie. Cependant, elle passa sous domination britannique en 1713, donc au calendrier julien qu’elle n’avait jamais connu — après plus de 100 ans, plus aucun des colons originaux n’était vivant, donc personne ne pouvait se souvenir d’avoir jadis utilisé le calendrier julien. Elle retourna enfin au calendrier grégorien en 1752, avec le reste des colonies britanniques. À noter que les autres colonies françaises d’Amérique du Nord, dont le Québec moderne, ne passèrent sous domination britannique qu’en 1763, donc après l’adoption du calendrier grégorien par l’Empire britannique, et n’eurent donc pas à passer au calendrier julien.
 La Turquie avait aligné son calendrier sur le calendrier grégorien le 16 février / 1er mars 1917, et passé au 1er janvier comme début d’année en 1918, mais les années étaient numérotées depuis l’hégire (voir calendrier musulman) et les mois avaient des noms turcs d’inspiration babylonienne, musulmane, et romaine : Kânûn-ı Sânî (janvier), Şubat, Mart, Nisan, Mayis, Haziran, Temmuz, Ağustos, Eylül, Teşrin-i Evvel, Teşrin-i Sânî, et Kânûn-ı Evvel. Le système était appelé calendrier rumî.
 Avec comme conséquence que la Révolution d’octobre a en fait débuté le 7 novembre du calendrier grégorien.
 La République de Chine a adopté le calendrier grégorien le 1er janvier 1912, réaffirmé en octobre 1928 pour le 1er janvier 1929 après l’époque des seigneurs de la guerre où diverses faction utilisaient divers calendriers ; l’ère de départ choisie fut alors 1912, date de fondation de la république. Ce système est encore utilisé à Taiwan, où le gouvernement de la République de Chine s’est exilé et exerce le pouvoir, mais la République populaire de Chine (continentale) a rejeté ce système dès sa fondation en 1949, et utilise un calendrier grégorien avec les mois numérotés. À noter que la transition du calendrier lunisolaire suivi avant 1912 au calendrier grégorien a pris un certain temps dans le peuple.
Les seuls pays à n’avoir toujours pas adopté le calendrier grégorien, au moins en partie, sont l’Éthiopie (calendrier éthiopien), le Népal (Vikram Samvat), l’Iran (calendrier perse), et l’Afghanistan (calendrier solaire de l’hégire). Les pays à utiliser d’autres calendriers en parallèle au calendrier grégorien sont l’Inde (calendrier national indien), le Bangladesh (calendrier bengale), le Pakistan (calendrier musulman), Israël (calendrier hébraïque), et la République de l’Union de Myanmar / Birmanie (calendrier birman). D’autres pays utilisent une version modifiée du calendrier grégorien : Thaïlande (calendrier solaire thaï, 1889), le Japon (calendrier japonais), la Corée du Nord (calendrier nord-coréen), et Taiwan (calendrier Minguo).
Calendrier suédois montrant 30 jours à février 1712
Calendrier suédois montrant 30 jours à février 1712. Cliquer sur l’image pour agrandir. (Crédit : Domaine public.)

Calendrier suédois 🤔

Le calendrier suédois est un cas à part entière. Il est entré en vigueur le 1er mars 1700 (lendemain du 28 février 1699). Puisque le calendrier julien utilisé alors en Suède dérivait par rapport aux saisons, mais comme l’idée d’avoir à faire un « saut » d’onze jours ne semblait plaire à personne, le gouvernement suédois a décidé de faire une transition en douceur, abolissant les jours bissextiles entre 1700 et 1740, ce qui allait alors le mettre en synchronisme avec le calendrier grégorien utilisé presque partout ailleurs (voir ci-dessus Adoption du calendrier grégorier).

Malheureusement, la Grande guerre du Nord vint mettre du plomb dans l’aile de l’idée, et seul le 29 février 1700 fut effectivement aboli.

En 1711, le roi Charles XII décréta un retour au calendrier julien, ce qui fut fait en ajoutant deux jours bissextiles à février 1712, qui compta donc en tout trente jours — un cas probablement unique dans l’Histoire (mais les lecteurs comprenant l’anglais trouveront plaisir à lire cet article de Wikipedia).

En 1753, la Suède passa finalement au calendrier grégorien, le 17 février étant alors suivi du 1er mars, qui marquait encore alors le début de l’année civile.


La plupart des algorithmes de calculs proviennent de DERSHOWITZ, Nachum, et Edward M. REINGOLD. Calendrical Calculations. Cambridge, Cambridge University Press, 1997, 307 p., ISBN 0-521-56474-3, ou, des mêmes auteurs, Calendrical Calculations: The Ultimate Edition. 2018, 618 p., édition Kindle (ASIN B07VN98S7W). Les algorithmes pour le calendrier perse, le calendrier hébraïque, et le calendrier révolutionnaire français sont du Calendar Converter du Fourmilab (domaine public).

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